Une première: des «juristes» israéliens justifient la sanglante agression de leur pays contre une flottille de paix dans les eaux internationales, l'estimant «légale». La commission d'enquête israélienne chargée d'examiner les aspects légaux du raid meurtrier israélien contre une flottille d'aide internationale au large de la bande de Ghaza le 31 mai 2010 a disculpé hier l'Etat hébreu. Selon le rapport préliminaire des six membres de la commission d'enquête, dont deux observateurs internationaux, le blocus maritime du territoire palestinien et l'assaut des commandos israéliens pour empêcher la flottille de se rendre à Ghaza étaient «conformes au droit international». Les conclusions du rapport de la commission dirigée par le juge Yaacov Tirkel ne sont pas une surprise compte tenu des conditions de sa création et du mandat restreint dont elle disposait. «L'imposition d'un blocus maritime sur la bande de Ghaza, compte tenu des raisons sécuritaires et des efforts d'Israël de remplir ses obligations humanitaires était légale et conforme au droit international», affirme le rapport. La commission justifie le blocus et le raid par la nécessité «d'empêcher l'acheminement par voie maritime d'armes et de terroristes dans la bande de Ghaza», sous contrôle du mouvement islamiste Hamas, rappelant que des «milliers de roquettes et d'obus de mortier ont été tirés» depuis 2001 contre le sud d'Israël à partir de ce territoire. Le mandat de la commission Tirkel, fixé en juin dernier par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, était limité à vérifier la conformité au droit international de l'arraisonnement et du blocus maritime imposé à Ghaza depuis 2006. Destinée aux yeux du gouvernement israélien à cautionner l'opération navale face à la tempête de protestations qu'elle avait causée dans le monde, la commission Tirkel n'était pas habilitée à enquêter sur le processus de prise de décisions ni à recommander des sanctions personnelles contre les dirigeants politiques et militaires qui avaient préparé, ordonné ou conduit le raid. La mort de neuf passagers turcs durant l'assaut israélien a provoqué une très grave crise dans les relations entre Israël et la Turquie, et soulevé une vague de réprobation internationale. Selon le rapport, le recours à la force lors de l'arraisonnement du bateau-amiral turc Mavi Marmara de la flottille humanitaire internationale, «a été légal et conforme au droit international». La commission relève que la flottille avait été dûment avertie de ne pas s'approcher de Ghaza. Elle souligne l'opposition «très violente» à laquelle les soldats israéliens ont été confrontés lors de l'abordage du bateau de la part de militants de l'organisation humanitaire turque IHH. Toutefois sur 6 des 133 cas d'usage de la force par les commandos de marine israéliens, la commission s'abstient de donner ses conclusions, estimant «ne pas disposer d'informations suffisantes».