«C'est déjà un bon acquis pour avoir franchi les différentes étapes de la sélection des Oscars» a affirmé l'auteur de Indigènes. «Je suis très heureux de cette nomination pour moi et pour l'ensemble des acteurs, techniciens et les différents partenaires qui ont soutenu le film», a indiqué M.Bouchareb dans une déclaration à partir de Los Angeles (Etats-Unis d'Amérique) où son film va concourir, le 29 février prochain, dans la catégorie meilleur film étranger, au Kodak Théâtre à Hollywood à l'occasion de la 83e édition de la cérémonie des Oscars. Le seul film arabe lors de ce prestigieux concours de 7e art. «C'est déjà un bon acquis pour avoir franchi les différentes étapes de la sélection des Oscars», a-t-il estimé. Hors-la-loi a été nominé aux côtés de quatre autres films étrangers, à savoir ôBiutifulö (Mexique), Dogtooth (Grèce), In a Better World (Danemark) et Incendies (Canada). Toutefois, Bouchareb tient à dire que «tout ce qui viendra par la suite ne sera qu'une bonne surprise et un bonus». Les différentes distinctions que collectionne ce long métrage sont intervenues après une vive polémique, notamment lors de sa sélection au dernier Festival de Cannes, en mai 2010. Aujourd'hui, Hors-la-loi prend clairement sa revanche sur ceux qui doutaient de sa qualité et les autres qui l'ont accusé à tort ou a raison de plagiat. Mieux, sa nomination aux Oscars se veut une belle réponse à tous ces nostalgiques de l'époque coloniale. Abordant cette polémique qualifiée de «gratuite» (elle aura fait couler beaucoup d'encre l'an dernier et ça continue) Bouchareb souligne que «ce qui s'était produit à Cannes avait pour but de nuire au film et de le discréditer bien avant sa projection». Et d'ajouter: «Le film est aujourd'hui distribué dans le monde entier et rien ne peut désormais l'empêcher de vivre, mais aussi de rencontrer des publics de différentes nationalités». Pour rappel, la nomination du film fait suite à la campagne lancée par l'Algérie, en décembre 2010, pour le soutien de ce long métrage aux Oscars 2011. Cette campagne a été entamée dans l'une des salles de cinéma de Los Angeles, avec le soutien financier de la compagnie nationale Sonatrach, en partenariat avec le ministère de la Culture. Hors-la-loi aborde, à travers une fiction, la lutte du peuple algérien contre l'oppression et son combat pour se libérer du joug colonial. «L'histoire commence en 1945. C'est celle de trois frères dans la lutte pour l'indépendance. Cette famille diminue au fur et à mesure que l'histoire avance», confie le réalisateur Bouchareb. Ce film est un voyage dans l'histoire et dans le passé. Le film parle aussi de la violence que ce soit subie en Algérie, en France ou ailleurs. «C'est d'abord, une oeuvre cinématographique. Aux historiens de faire leur travail», a toujours tenu à dire l'auteur d'Indigènes. Sorti le 5 novembre dans les salles aux Etats-Unis, le casting de ce long-métrage de 2h18 réunit une belle brochette d'acteurs maghrébins, à savoir Sami Bouajila (Abdelkader), Jamel Debbouze (Saïd), Roschdy Zem (Messaoud), Chafia Boudraâ (la mère), Ahmed Benaïssa (le père) et Bernard Blancan (le colonel Faivre). Ce long métrage a déjà remporté plusieurs distinctions, notamment le Grand prix au 18e Festival international du cinéma de Damas et le Prix du meilleur film arabe. Pour parler de la nomination de Hors- la- loi aux oscars, l'émission Drama Action de la Chaîne I de la Radio nationale a consacré hier son numéro à cette nouvelle «qui redonne la fierté à tous les Algériens» ont tenu à affirmer les invités de l'émission, à l'exemple de Nabila Rezaïg, chef du département cinéma à l'Aarc (Agence algérienne pour le rayonnement culturel), producteur exécutif du film, et Hmed Benaïssa, comédien, qui malgré une petite apparition, laisse indubitablement son empreinte dans ce long métrage. Interrogé par téléphone, le réalisateur Ahmed Rachedi évoquera son expérience en tant que producteur du film Z, une coproduction algéro-française, de Costa Gavras, ayant reçu un Oscar en 1969. Un film que l'Algérie avait sciemment soutenu à l'époque. «C'était un geste militant», a souligné Hmed Benaïssa qui s'élèvera contre la polémique autour de la nationalité du film tout en exhortant à l'ouverture vers la coproduction. «Dire que c'est un film franco-algérien, où es le problème? Il faut cesser le cloisonnement. Qu'on le veuille ou pas, c'est un film algérien. Il traite d'un sujet algérien et son réalisateur est Algérien», dira le comédien. Pour sa part Madame Rezaïg estimera que la coproduction fortifie le cinéma, d'où qu'elle vienne, d'Occident, d'Amérique ou arabe. Revenant à Hors-la-loi, elle indiquera qu'«avec cette sortie théâtrale, les langues vont certainement se délier encore. L'essentiel, c'est la création. Celui qui veut critiquer n'aura qu'à faire pareil. Il faut qu'il y ait de l'équilibre entre le soutien des cinéastes de la diaspora et les jeunes d'ici. C'est bien qu'on soutienne des cinéastes algériens qui viennent de l'étranger aussi. On devrait saluer même les initiatives individuelles qui se font ailleurs. Celui qui parlera de nous, de toute façon, aux USA ou ailleurs, c'est le drapeau algérien!» Evoquant la situation du cinéma algérien, Nabila Rezaïg relèvera que «si dans chaque ville, il y avait un festival, cela pourrait encourager les cinéastes à poursuivre leur chemin dans cette voie». Tandis que M.Benaïssa soulignera l'urgence de «restaurer le parc des salles de cinéma», qui se fait, certes, mais à pas de fourmi.