L'ANP est la première institution à avoir préconisé la réconciliation nationale. Elle ne peut donc pas se désister de cet engagement pris depuis des années. Le général-major Mohamed Touati, conseiller du Président Bouteflika aux affaires liées à la défense, a accordé un entretien au journal Azzaman. Il s'agit là de la première sortie médiatique du genre dans un journal arabophone et de la seconde en l'espace de moins d'une semaine. Le général-major, pour cette fois, a bien pris le soin de préciser qu'il s'exprimait au nom de l'institution militaire. Il précise d'entrée de jeu que «l'ANP est la première institution à avoir préconisé la réconciliation nationale bien avant l'arrivée de Bouteflika à la tête de l'Etat algérien». Explication. «L'ANP a fini par acquérir la ferme conviction que pour venir à bout de ce véritable cancer qu'est la violence armée, il fallait passer par la réconciliation nationale en condamnant la violence et la rancoeur, deux comportements que des courants extrémistes, minoritaires, essayent d'entretenir dans notre pays, aidés en cela par des personnes et des courants étrangers.» Ces «extrémistes», comme les appelle le général-major Touati, sont entre autres constitués du courant dit «démocrate républicain» entré en campagne, avec une rare virulence, contre le Président de la République et la concorde nationale. Certains étaient allés jusqu'à demander publiquement à l'armée de démettre le Président afin de leur remettre le pouvoir au nom de...la démocratie. Tout en précisant qu'aucun conflit, de quelque nature qu'il soit, n'existe entre l'armée et la présidence, le général-major Touati indique que «l'ANP oeuvre par tous les moyens constitutionnels et institutionnels dont elle est dotée à aider à la réussite de la concorde nationale». Cette déclaration, faite au nom de l'institution militaire, est censée mettre fin à toutes les spéculations développées par certains titres de presse faisant état de graves conflits entre le Président et l'armée, allant même jusqu'à suggérer que cette institution, retirée de la politique depuis 99 selon les déclarations de son chef d'état-major lui-même, pourrait s'impliquer dans la présidentielle de 2004 afin d'empêcher le Président de briguer un second mandat. Touati, n'éludant aucune des questions posées par le journaliste, dément catégoriquement les accusations formulées contre les généraux faisant état de détournements, de rentes mal-acquises et de corruption. «Je mets au défi l'ensemble de nos détracteurs de brandir la moindre preuve à l'appui de leurs accusations.» Et de raconter cette anecdote datée de 93, du temps où l'Algérie se trouvait dans un goulot d'étranglement financier tel que bien peu donnait encore cher de sa peau. «A cette époque même notre solde et celle de tous les soldats étaient bloquées.» Après la fiche de paie de Mohamed Lamari, c'est donc autour des salaires impayés des généraux de Touati de défrayer en quelque sorte la chronique. Touati explique les attaques dont est victime régulièrement l'institution militaire par le fait qu'elle a constitué, de tout temps, un rempart aux aventuriers de tout bord et de tout poil. Elle est aussi la garante du maintien en place de la République et de la démocratie.