La politique algérienne de la France passe en partie par sa politique vis-à-vis des quatre millions d'Algériens en France. La politique d'affichage outrancière du président Nicolas Sarkozy a-t-elle abouti à un désenchantement des musulmans de France qui s'étaient ralliés à lui en 2007? Dans sa stratégie électorale, le candidat de l'UMP, on se souvient, n'avait pas hésité à faire appel à des icônes telles Rachida Dati et Rama Yade pour séduire la communauté issue de l'étranger dont les musulmans. Or depuis qu'il a été intronisé à la tête de l'Elysée, Nicolas Sarkozy n'a cessé de prendre ses distances à l'égard des musulmans de France et l'appel par l'UMp à un débat sur la laïcité est une grossière manoeuvre car, selon certains analystes, c'est d'Islam finalement qu'il s'agit. La loi portant interdiction du voile islamique intégral, burqa ou niqab, a accentué davantage le fossé qui les sépare et provoqué des fissures au sein de toute la communauté établie en France, estimée à près de 6 millions de personnes. Partagée entre les thèses mises en avant par le parti au pouvoir et sa fermeté de défendre la laïcité et les lois de la République, et celles du Front national qui plaide pour certaines valeurs morales, comme l'interdiction du mariage homosexuel, la communauté risque d'aller, en rangs dispersés, aux élections de 2012. C'est en tout cas ce que pense Mohamed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (Cfcm) «Le vote des musulmans de France est très dispersé et n'exprime pas l'appartenance religieuse». Selon lui, «c'est l'émergence d'une classe moyenne qui a pu favoriser un certain vote à droite». La sociologue Nacira Ghenifi parle, elle, «de connivence des comportements électoraux avec ceux de l'ensemble des Français». Allant dans le même sens, des experts affirment que «les électeurs musulmans se distribuent sur l'ensemble de l'échiquier politique, de l'extrême droite à l'extrême gauche». Appelés par les militants de droite à quitter l'UMP en signe de protestation au débat que doit organiser le 5 avril prochain son secrétaire général, Jean-Fançois Copé, sur la laïcité et l'Islam, «les musulmans de France ne formeraient pas un bloc électoral uni». Et l'«effet d'aubaine» de 2007 est difficilement envisageable, du moins c'est l'avis de nombreux analystes. Adulées hier, «les figures de la diversité» sont pointées du doigt comme l'ancienne ministre de la Justice accusée d'avoir mis en place des lois répressives ou l'ex-secrétaire d'Etat à la Ville, Fadéla Amara, qui «a joué le rôle de fossoyeur de la politique de la ville». Conseillé attitré du président Nicolas Sarkozy, chargé de la diversité, Abderrahmane Dahmane a subi, lui aussi, le courroux du chef de l'Etat qui lui reproche «ses prises de position contre le débat sur l'Islam et les discriminations contre les musulmans en France». Limogé vendredi de son poste, l'ex-conseiller a aussitôt, appelé à une réunion à laquelle ont pris part les représentants de la communauté musulmane vivant en France afin de dénoncer ce qu'il qualifiera «de débat honteux qui discrimine et stigmatise les musulmans de France». Abderrahmane Dahmane tout en déclarant qu'il n'est pas le supplétif élémentaire de Nicolas Sarkozy, est persuadé qu'«un tel débat est contre-productif et qu'il ne pourrait intéresser la population française étant donné que le problème est la crise en France, le chômage, le logement, etc...». Pour lui, «le débat sur l'Islam doit se faire dans les mosquées, tout comme le débat sur le judaïsme doit se faire dans les synagogues et le débat sur le christianisme doit se faire dans les cathédrales». Les musulmans constituent une fore qui véhicule des valeurs. En maintenant le débat qui est rejeté par tout le monde, Nicolas Sarkozy se trompe, selon son ex-conseiller, en cherchant à être réélu en 2012 avec les voix du FN.