Les militants du FLN à Oran sont divisés sur l'équipe la plus apte à être aux commandes du parti. Le FLN est-il retombé dans le gouffre d'une nouvelle crise organique? Sa base militante est secouée par le vent de la discorde tandis que sa hiérarchie est accablée par des accusations gravissimes. Les amis d'hier sont devenus les pires ennemis aujourd'hui et lavent leur linge sale en public. Dans cette histoire, c'est la tête de Belkhadem qui est «mise à prix». Les compères qui lui ont voué tant de dévotion pendant de longues années se sont retournés contre lui en demandant son départ systématique de la direction du parti. Les redresseurs, Mohamed Seghir Kara, Abdelkrim Abada et leurs partenaires, viennent de décider de la sorte expliquant que «leur action est décidée et soutenue par la base militante en colère du fait que le FLN soit bradé aux hommes d'affaires». Cette donne, le départ de Belkhadem, est nouvelle dans le discours des redresseurs. Au départ, ils ont centré leur revendication autour de ce qu'ils appellent la réappropriation du FLN et son instance suprême, le comité central. Et, depuis, d'autres ingrédients sont venus agrémenter la scène politique nationale ponctués par des déclarations brûlantes ici et là. Le fait troublant est venu, samedi d'Oran. Abdelkrim Abada a reproché à Belkhadem «d'avoir abusé dans ses déclarations en annonçant que le candidat du FLN pour la présidentielle de 2014 sera Abdelaziz Bouteflika». Et d'ajouter que «cette déclaration a été faite par Belkhadem au moment même où l'Algérie vit au rythme de la grogne sociale et des actions menées par les revendicateurs de changement». Sur la même note, Abdelkrim Abada s'est interrogé tout en ouvrant le feu sur Belkhadem. «Les déclarations de Belkhadem ne visent-elles pas l'embrasement de l'Algérie?» Parlant dans sa déclaration d'une petite brouille diplomatique, Abada, qui n'a pas trop insisté sur les détails, a préféré différer sa sentence en déclarant devant des militants, certes hostiles à Belkhadem mais très acquis à Bouteflika, notamment ceux guidés localement par Fréha, que «certes, nous soutenons tous le programme du président de la République mais toute allégeance à apporter à un quelconque candidat doit se décider, 6 mois ou une année avant les élections». Ces nouvelles déclarations sont venues trois jours après que M. Ouyahia ait semé le doute parmi les plus au fait à la chose politique et ce, en déclarant, au cours de l'émission, Hiwar-Essaâ, que «sa candidature pour la présidentielle de 2014 est une question de destin». Avec cet aveu, Ouyahia jauge-t-il le terrain à travers la télévision algérienne? Tout comme le cas de Benflis qui a été écarté en 2004 et le 8e congrès du FLN invalidé par la justice. Ira-t-on vers le remake de l'expérience du printemps de 2004? D'autant plus que dans cette nouvelle affaire, les mêmes motifs, soulevés en 2004, ont été avancés cette fois-ci. Autant d'indices qui plaident pour cette éventualité. En effet, aux premiers jours de la guerre livrée à Belkhadem, Abada et ses compagnons visaient le retour à la légitimité quant à la représentativité au sein du comité central. Ces derniers jours, l'on revendique, avec véhémence, le départ de Belkhadem. En attendant le reste du film, aucune lecture complète n'est plausible, le feuilleton contient, visiblement, plusieurs épisodes. Au vu de tous ces nouveaux éléments, une chose est sûre: la carte politique nationale en est à ses premières phases de reconfiguration.