Depuis son retrait du gouvernement Benflis, le parti de Saïd Sadi ne cesse de cumuler les affaires scabreuses. Son leader, qui est absent de la scène politique et sans voix pour ce qui est des attentes des citoyens, ne revient à la charge des événements que pour relater les faits dont ses militants et lui ont été victimes. Accusant tout le monde et personne d'être derrière les malheurs de son parti. A chaque affaire similaire, Saïd Sadi ressort de son hibernation politique et inonde la presse d'interventions et d'analyses pour fustiger le pouvoir et tirer à boulets rouges sur ses gouvernants. Après son effacement aux législatives et aux locales, le RCD avait-il besoin d'une nouvelle affaire pour rebondir et investir ainsi la scène politique? Tout a commencé en octobre 2001, quand le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie crée l'événement à l'occasion du forum El Youm, en sortant ce qui sera appelé communément l'affaire Amenouche. Le leader du RCD avait accusé à l'époque un segment du pouvoir d'être derrière l'enlèvement du militant de son parti et d'avoir comploté pour son assassinat. L'affaire, qui avait fait couler beaucoup d'encre et soulevé une grande tempête politique, n'a pas eu de suite médiatique retentissante. Un coup d'épée dans l'eau, qui n'avait pas permis au parti de remonter à la surface de la classe politique. Ce qui l'a contraint à ne pas participer aux législatives et ce, afin d'éviter toute défaite électorale. Une autre affaire est venue bouleverser la stabilité de ce parti, resté en retrait de la scène politique, celle d'un autre militant, Djaâfar Benmesbah, qui a été torturé toute une nuit par des individus toujours non identifiés. Une situation de psychose qui a obligé plusieurs militants à déserter les rangs du RCD. Mais cette nouvelle affaire d'intimidation politique n'a pas eu le même écho dans la presse comme l'affaire Amenouche. Les déclarations du leader du RCD sont passées presque inaperçues, ce qui, une nouvelle fois, a obligé son parti à faire l'impasse sur les locales et à disparaître momentanément de la scène politique. Alors que cette formation politique n'est pas parvenue à trouver une solution pacifique à la crise en Kabylie, il revient à la charge et met au menu de l'actualité une nouvelle affaire d'intimidation politique. Ainsi, l'agression dont a été victime, dans un parking de l'hôtel El-Aurassi, l'un des militants du RCD, en l'occurrence l'avocat Rachid Ouali, relance, une nouvelle fois, la polémique sur la question des droits de l'Homme et la sécurité des personnalités politiques. Mais une ombre demeure au tableau de cet étonnant incident: l'absence de blessures sur la victime, alors que ses vêtements ont été lacérés. Dans un entretien publié au lendemain de l'affaire, Saïd Sadi évite d'établir «l'état civil de l'inspirateur et l'organisateur de cette énième opération anti-RCD et parle de barbouze». Comme pour laisser planer le doute sur l'identité des agresseurs. Surtout que ce nom est généralement affilié aux policiers déguisés du temps de la Révolution à l'époque coloniale. Le terme est soigneusement choisi par la direction du RCD, pour coïncider justement avec une autre polémique ramadanesque, celle d'Abane Ramdane et du Congrès de la Soummam. Que cherchaient réellement les agresseurs du RCD? A qui profite cette nouvelle affaire? Qui sera la prochaine victime inscrite dans l'organigramme du RCD? Il est clair que derrière cette affaire se cache une volonté inavouée de revenir sur la scène politique. Au moment où le parti de Saïd Sadi est défait politiquement à l'intérieur, il fait tout pour tenter de mobiliser l'opinion étrangère contre le pouvoir en place et surtout d'adhérer à tout prix à l'Internationale socialiste.