En avril on envahit les rues et en mai, c'est au tour des grèves de bloquer le pays. Le pays est noyé sous les vagues de la contestation, et quasiment aucun service public ne fonctionne normalement. Après la santé et l'éducation, c'est au tour des APC de se jeter dans le bain. Le conseil national des fonctionnaires des communes a lancé un appel pour une grève illimitée à partir d'aujourd'hui. Les 500.000 employés des assemblées populaires communales du pays protestent contre le non-respect des engagements du ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia. Surtout en ce qui concerne le retard accusé dans la publication de leur nouveau statut et l'augmentation de leurs salaires et l'entrée en vigueur du régime indemnitaire avec effet rétroactif. Ils tiennent également à exprimer leur mécontentement à cause des difficiles conditions socioprofessionnelles. Ils demandent l'intégration des contractuels et des vacataires. L'article 87 bis de la loi 90/11 sur les relations de travail n'est pas en reste. Les grévistes demandent son annulation. Les Algériens ne peuvent donc plus retirer leur document d'état civil, plus se soigner et encore moins étudier. Le pouvoir d'achat des travailleurs est dérisoire et les pénuries des produits de base ne sont pas pour arranger les choses. Sucre, huile, lait, farine, semoule connaissent des crises cycliques et des ruptures dans l'approvisionnement. Ils ont disparu à un moment ou un autre des étals des magasins. Voilà donc l'état général d'un pays qui aspirait à se moderniser, mais qui se retrouve replongé dans les grèves. Comment va-t-il fonctionner avec des infrastructures bloquées? Elles qui, déjà en temps normal, fonctionnent au ralenti. Comment vont faire les malheureux citoyens qui se retrouvent pris en otage par la mauvaise gestion du pays? Alors que la bureaucratie, les longues files d'attente et les passe-droits leur pourrissent déjà suffisamment la vie. La contestation a aussi frappé le secteur de l'habitat. Des mesures sont mises en oeuvre par le ministère de l'Habitat en faveur des fonctionnaires, notamment sur le plan des régimes indemnitaires. Le tout a été au menu d'une rencontre hier entre Noureddine Moussa ministre de l'Habitation et de l'Urbanisme et le secrétaire national de l'Ugta chargé des conflits sociaux. La rencontre, qui s'est déroulée en présence également du secrétaire général de la Fédération des travailleurs du secteur de l'habitat et de l'urbanisme, a abordé, notamment l'adoption du régime indemnitaire relatif aux corps techniques spécifiques à l'administration chargée de l'habitat et de l'urbanisme. Il a également été question de «l'intégration systématique dans le corps de la fonction publique des cadres, précédemment recrutés à titre exceptionnel, sous le régime de la contractualisation au niveau des structures décentralisées sous tutelle». Le ministre a également fait état du recrutement de cadres supplémentaires pour pouvoir faire face à «l'ampleur des plans de charge résultant des programmes publics d'investissement inscrits au titre du quinquennat 2010-2014». En outre, le ministère prévoit «le renforcement des actions de formation, qu'il s'agira d'arrêter en concertation dans le cadre d'un plan quinquennal de formation, dont la mise en oeuvre débutera en 2012 conformément aux directives gouvernementales», selon le ministère.