Ils menacent de mobiliser 30.000 militants pour un sit-in illimité devant le siège du parti à Hydra (Alger). La fronde de la jeunesse gagne les rangs du parti majoritaire, le Front de libération nationale (FLN) et les mouvements qui contestent la ligne de conduite de sa direction se multiplient. Réunis à Alger samedi dernier, des dizaines de militants de ce parti venus de plusieurs wilayas du pays, ont demandé au bureau politique de démissionner sans délais. C'est ainsi que les jeunes du FLN ont exprimé leur désarroi envers leur direction. Aussi, entre la direction actuelle conduite par un secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, contesté, et le mouvement de redressement, mené par plusieurs personnalités dont l'ancien ministre Salah Goudjil, ces jeunes s'interposent et s'estiment être «une troisième voie» pour sauver leur parti. Mais le sauver de quoi? En tout état de cause, samedi dernier, les jeunes du FLN ont posé les premiers jalons de cette organisation juvénile, avec la désignation d'une direction provisoire. Ils sont des ex-membres du conseil national, des actuels membres du comité central, des présidents d'organisations estudiantines, des membres de bureaux d'organisations nationales affiliées au FLN et des élus locaux. Leur feuille de route, expliquée dans un communiqué rendu public hier et dont une copie est transmise à notre rédaction, se base sur trois points. Il s'agit «d'épurer le parti des opportunistes et arrivistes qui ont noyé le parti dans la corruption et de dévoiler leurs sales pratiques». Ils veulent, en fait, un jeu politique propre et respectueux de l'éthique. Le deuxième point de leur feuille de route consiste en la réhabilitation des valeurs qui permettent de servir le parti et non des personnes. Quant au troisième point, il a trait à la participation des jeunes dans la prise de décisions politiques à l'intérieur du parti. La politique de Belkhadem avec sa stratégie de rajeunissement des structures du parti a voulu que le représentant de la jeunesse au sein du bureau politique soit âgé, tenez-vous bien, de...68 ans! Au sein du comité central, composé de plus de 350 membres, seuls 9 jeunes siègent. C'est dire que les vieux dinosaures du parti ne veulent pas lâcher prise et passer le témoin à la jeunesse. La revendication principale de ce mouvement qui est le départ de l'actuel bureau politique, donnera certainement des vertiges à ses membres. Ces jeunes demandent, en effet, leur remplacement par des cadres qui seront en mesure de véhiculer les exigences de la situation et de répondre aux aspirations des jeunes. Faute de quoi, les jeunes du FLN menacent de passer à l'offensive. Ils menacent de mobiliser 30.000 militants pour un rassemblement durant cet été devant le siège du parti si le bureau politique ne part pas. C'est dire que la saison estivale ne sera pas de tout repos pour l'ex-parti unique. Mais cette troisième voie peut-elle sauver le FLN de ses carcans et de ses pratiques? En vérité, «c'est un autre mouvement qui ouvre une autre plaie dans ce parti dont le bon sens aurait voulu qu'il soit placé dans le musée de l'histoire après l'indépendance», estime un militant. «Que pouvez-vous attendre d'une formation politique qui a dans ses instances dirigeantes un photographe dont le seul fait d'arme est d'avoir photographié un responsable à Oum Dormane au Soudan?», regrette le même militant désabusé.