L'Algérie n'a pas tardé, dès les premiers jours des événements qui secouent encore la Libye, à consolider son dispositif sécuritaire à ses frontières. Fidèle à sa logique criminelle qu'elle met en application sans aucun état d'âme, l'organisation terroriste transnationale dénommée Al Qaîda au Maghreb, continue inlassablement, et malgré les coups de boutoir que lui assènent régulièrement les services de sécurité algériens, à oeuvrer systématiquement à déstabiliser l'ensemble de la région et à consolider son contrôle sur la bande du Sahel. Après les arrestations opérées par les forces de sécurité algériennes aux frontières algéro-libyennes et qui ont abouti à la mise hors d'état de nuire d'au moins cinq terroristes en possession d'explosifs, l'armée tunisienne vient de mettre la main, à son tour, sur deux terroristes en possession d'une ceinture d'explosifs et des bombes. Ces deux arrestations ont eu lieu à Tekrif dans la région de Tataouine située à 130 km de la frontière avec la Libye. Rappelons au passage que cette intervention est enregistrée quelque temps après la neutralisation de deux Libyens en provenance de l'Algérie qui avaient tenté de rejoindre la Libye via la Tunisie, avec une bombe de fabrication artisanale. Par ailleurs, deux personnes soupçonnées de vouloir se former au jihad aux confins de l'Afghanistan et du Pakistan, ont été placées, samedi, en détention provisoire pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. L'animateur présumé de cette filière est un Franco-Indien résidant en banlieue parisienne et intercepté à sa descente d'avion alors qu'il venait d'arriver d'Algérie. Ces tentatives de redéploiement terroriste sont prêtées au chef de file de la nébuleuse au Sud, le sinistre Abou Zeid, qui, avec les insurgés libyens, continue son oeuvre de destruction profitant de la tourmente qui secoue la Libye. D'abord pour essayer de prouver qu'Al Qaîda au Maghreb est loin d'être sur la défensive, ensuite oser un défi aux autorités militaires par des attentats simultanés perpétrés à Tizi Ouzou, Boumerdès et Jijel. C'est à l'évidence des tentatives de diversion pour détourner l'attention des forces de sécurité essentiellement concentrées sur la protection renforcée des frontières. Dans ce contexte plus ou moins complexe, l'Algérie n'a pas tardé, dès les premiers jours des événements douloureux qui secouent encore la Libye, à consolider son dispositif sécuritaire en multipliant les mises en garde contre d'éventuelles répercussions violentes sur toute la région à cause notamment de l'infiltration des rangs insurrectionnels libyens par de nombreux éléments qui étaient auparavant affiliés au mouvement djihadiste clandestin libyen. Même si aujourd'hui ce risque, que l'Algérie ne cesse de mettre en évidence, demeure encore une hypothèse plus ou moins probable aux yeux de l'Occident qui s'obstine toujours à nier la moindre présence de ces éléments parmi les rebelles anti-El Gueddafi, il n'en demeure pas moins que certains stratèges, à l'image de l'ancien directeur de l'Agence américaine de renseignement, Michael Hayden, voient dans la personne du colonel El Gueddafi un bon allié et un précieux rempart contre le terrorisme. «Quoi que vous pensiez d'El Gueddafi, il était un bon partenaire dans la lutte antiterroriste, autant que son ancien ministre des Affaires étrangères.» Toujours à ce propos, le coordinateur de la lutte antiterroriste au département d'Etat américain, Daniel Benjamin, avait déclaré lors de son passage en Algérie, parallèlement à la réunion du groupe de contact bilatéral de coopération algéro-américaine de la lutte contre le terrorisme et les questions de sécurité connexes: «Nous sommes préoccupés par les événements en Libye et notre souci est de savoir dans quelle mesure cela pourrait profiter aux terroristes dans la région du Sahel...» Pour Daniel Benjamin, les terroristes n'allaient pas rester les bras croisés, ils vont certainement tirer profit de la situation et accaparer des armes et élargir leur terrain d'action. Cependant, pour l'instant, ni les Américains ni les Européens ne semblent en mesure de décrypter la situation au risque de se déjuger après avoir annoncé publiquement qu'ils soutiennent la rébellion libyenne et la considèrent très représentative et crédible. L'acharnement des puissances occidentales à vouloir coûte que coûte chasser El Gueddafi du pouvoir risque, à moyen terme, de tourner carrément à l'avantage des terroristes!