Les sourdes luttes que focalise l'éventuelle libération des deux leaders du parti dissous s'accentuent au fur et à mesure que cette échéance approche. Après la réaction rapportée par un quotidien arabophone à propos de certains cercles qui demandent de revoir (à la hausse) le jugement prononcé à l'encontre des deux chouyoukh de l'ex-FIS, et qui arrive à expiration, Abdelkader Boukhamkham, membre du majlis echouri de l'ex-FIS a tenu à apporter les précisions suivantes: «Ce que j'ai dit avait été partiellement déformé par le journaliste, auteur de l'article. J'ai bien affirmé que la révision du procès des leaders du FIS pourrait être envisagée à condition que ‘‘l'autre partie'' accepte aussi d'être jugée.» Ce propos de Boukhamkham (qui porte à croire qu'il se fait le porte-parole d'une «aile» du FIS et de l'AIS) devient plus précis quand on lui demande d'être plus explicite: «Il y a beaucoup de voix qui s'élèvent aujourd'hui pour demander obséquieusement à l'autorité militaire de garder ‘‘encore'' dans les restrictions actuelles les deux leaders du FIS emprisonnés. Ces voix, qui font partie de l'obédience éradicatrice que tout le monde connaît, veulent encore impliquer l'armée dans des engrenages dangereux. En fait, la prochaine libération de Ali Benhadj et Abassi Madani effraye cette tendance dont les relais médiatiques se font les porte-voix». Allant encore plus loin, il ajoute: «Il est possible que, en tant qu'homme politique ayant des positions et des opinions précises, nous nous soyons trompés sur certains points, et nous sommes prêts à être jugés de nouveau. Mais nous exigeons, le cas échéant, et pour plus de crédibilité et de justice pour le pays, que l'autre partie, représentée par le général Khaled Nezzar, soit aussi jugée et présentée devant la justice.» Le même Boukhamkham avait, rappelons-le, demandé qu'il était tout à fait justifié qu'une partie civile dépose plainte contre le général Khaled Nezzar sur la base des «Mémoires» de ce dernier, qui, lui-même, reconnaît avoir donné ordre de prendre telle ou telle décision, laquelle avait impliqué plus tard un grand bain de sang. En fait, les acteurs actuellement visibles ne sont que l'expression apparente de sourdes luttes que focalise l'éventuelle libération de Ali Benhadj et Abassi Madani et celles-ci s'accentuent à fur et à mesure que cette échéance approche. Derrière ce rideau se cachent de véritables clans, d'authentiques lobbys dont les joutes, par médias et prises de positions politiques interposés, cachent mal les effets dévastateurs qu'ils créent dans la société. De son côté, Khaled Nezzar se pose comme l'un des piliers qui ont pu maintenir l'Algérie en l'état contre le péril terroriste. S'assumant pleinement et bénéficiant de larges appuis de la classe politique et militaire, il fait du péril intégriste son credo pour se lancer dans de tonitruants réquisitoires contre l'islamisme radical. Au-delà de cette lutte, se profile aussi le duel acharné entre les champions de la concorde civile et les initiateurs du tout-sécuritaire. La lutte antiterroriste qui jouit d'un large consensus permet d'empiéter sur les deux plates-bandes, au point qu'on ne sait où elle commence et où elle finit.