On a célébré hier la rentrée scolaire qui a vu des millions d´élèves rejoindre les bancs des écoles, des collèges et des lycées. Une rentrée précédée par la venue du mois sacré de Ramadhan 1429. Cela, en attendant une rentrée sociale qui s´annonce, ce n´est pas un scoop, tout aussi difficile que les précédentes. Les institutions - APN et Conseil de la nation - ont fait leur rentrée par une apparition furtive le 2 septembre pour surseoir à leur retour au travail. Ce sont là des rentrées ponctuelles attendues à cette même période de l´année...chaque année. Si les élèves qui rentrent de vacances vont apporter un peu plus de coloration et de mouvement à la vie de tous les jours que l´absence persistante des «politiques» du champ politique national, rend encore plus morose, il faut encore déplorer le nouveau flop de la culture nationale toujours inscrite aux abonnés absents. Depuis quand, en effet, l´Algérie n´a plus eu de rentrées culturelles - si tant est qu´elle en eut jamais - qui célèbrent l´imagination et la création sous toutes leurs formes. Aussi, de rentrée littéraire, cinématographique, théâtrale, picturale...ou télévisuelle, il n´y a point et il est peu probable qu´il y en ait dans un temps mesurable. Et pour cause! En effet pour effectuer des rentrées littéraire, ou cinématographique, théâtrale ou picturale, il faut qu´il y ait des centaines, voire des milliers d´écrits (romans, poésies, essais, nouvelles...) de films (courts et longs métrages, documentaires), pièces de théâtre et autres oeuvres de l´art pictural pour justifier une telle rentrée et dire la santé d´une culture à travers ses expressions diverses qui prouvent la richesse culturelle d´une nation. Or, le bilan de la culture nationale - sous toutes ses expressions justement - est insignifiant pour ne pas dire affligeant. Et ce ne sont certes pas les festivals organisés ici, les «années..» de prestige commises là qui vont cacher le vide sidéral qui affecte la création intellectuelle dans notre pays. C´est là un constat sévère, sans doute, il est surtout amer face au surplace d´une culture nationale, malgré la diversité de ses expressions, qui promettait tant mais n´arrive pas à se dépasser et à s´insérer dans la mouvance culturelle régionale, arabe et continentale. Il ne faut guère se leurrer et ce ne sont pas les «exploits» que réalisent ici ou là un écrivain, un cinéaste, un chanteur ou un acteur - isolés dans la «ghorba» et l´exil à l´étranger - qui vont faire oublier la stagnation de la création dans notre pays et l´absence durable de perspectives pour le cinéma, la littérature, les arts plastiques et autres théâtres notamment. Et ce n´est pas seulement une question de finances - le financement est certes important pour toute production culturelle qui tend vers l´universel - ou de disponibilités structurelles et matérielles, mais aussi, sans doute surtout, de liberté d´expression et de création. Et tant que ces libertés font défaut, il est patent que nous ne sommes pas près de célébrer de sitôt nos rentrées littéraire, théâtrale, picturale ou cinématographique, renvoyées les unes comme les autres aux calendes grecques.