Humainement est-ce possible? Comment pourrait-on s´intéresser à un autre sujet d´actualité quand des enfants et des femmes, des vieillards sans défense continuent à se faire massacrer à Ghaza? Comment ne pas hurler sa rage devant une telle bestialité de l´armée israélienne, quand on sait que s´il s´agissait d´animaux parqués pour être exterminés à si grande échelle, l´Occident se serait dressé comme un seul homme! Impossible de se concentrer sur un quelconque autre sujet. Impossible de regarder ailleurs quand, à la barbarie de l´Etat hébreu, s´ajoute le désintérêt du monde dit civilisé. Chaque jour nous n´avons d´informations que le décompte macabre des innocents que les cimetières ne suffisent plus à recevoir. A J+16, les bombardements ont fait 5000 victimes. Quand s´arrêtera la tuerie? Nous, Algériens sommes encore plus sensibles à la douleur de la population de Ghaza pour avoir vécu dans notre chair la même injustice. Le leader du MSP, Bouguerra Soltani a eu raison de comparer le déluge de feu sur Ghaza au 8-Mai 1945 dans notre pays où la population a été bombardée par la marine et l´aviation françaises et les survivants achevés par l´infanterie. Tout comme aujourd´hui en Palestine. Il faut simplement ajouter qu´en vérité, nous avons eu droit à plusieurs massacres tout au long de la colonisation. Nous avons eu droit à l´extermination de tribus entières par enfumades. Des villages entiers, avec leurs habitants, ont été rasés au napalm durant la guerre de Libération. Et d´autres ratonnades encore. Ce sont ces souvenirs toujours vivaces qui rendent les Algériens plus sensibles que d´autres aux souffrances des autres peuples. Plus affligeante est cette impuissance des Etats arabes à se porter au secours des suppliciés. Non, ce ne sont pas les manifestations de rue qui sauveront les enfants de Ghaza. Elles comblent plutôt de satisfaction l´agresseur qui n´y voit que l´expression de sa domination. On ne s´oppose pas aux bombes par des cris de colère. A défaut de pouvoir sortir maintenant les Palestiniens de Ghaza, du guêpier où ils se trouvent, il nous faut au moins avoir l´intelligence de travailler à ne plus nous retrouver à l´avenir dans les mêmes conditions. C´est ce que devrait décider le Sommet arabe, si jamais il se réunissait. Pas pour des condamnations de principe qui seraient encore plus ridicules que les résolutions du Conseil de sécurité dont on connaît le grand effet produit sur Israël. Il faut aussi avoir l´intelligence de ne plus croire aux slogans «humanitaires» comme les droits de l´homme, le droit à l´information ou encore à l´ingérence humanitaire. Il faut nous réveiller et apprendre à reconnaître les faux des vrais humains. Ne pas se suffire des discours et des actions tactiques. L´exercice de la politique aujourd´hui a atteint un niveau de performance inconnu jusqu´alors. Les Arabes sauront-ils se mettre à niveau pour que leurs enfants ne se fassent plus massacrer? Une question qui est en réalité une condition!