«Modernité et culture islamique» a été le thème de la rencontre organisée dimanche par «Comet Info» à l'hôtel El-Djazaïr. Après le 11 septembre 2001, des jugements de valeur négatifs et des préjugés, considèrent ouvertement le monde musulman comme le nouvel ennemi. Le débat relatif à la relation entre l'Islam et la modernité est perçu comme clos. L'Islam est défini comme étant antimoderne et il serait, selon certains idéologues (Heintington et Fukuyama), le grain de sable qui empêche la civilisation de se réaliser pleinement. Le directeur de la culture au ministère des Affaires religieuses a insisté, dans sa communication, sur les aspects positifs et négatifs de la mondialisation précisant que la société arabe est devenue spectatrice devant le flux d'informations et de cultures induites par la mondialisation. «Le monde, a-t-il dit, n'est pas un petit village, mais une ville complexe». L'archevêque d'Alger, Monseigneur Henri Tessier, a évoqué la contribution des intellectuels à l'ouverture de l'Islam sur la modernité. Selon lui, Taha Hussein, a essayé un début de critique des sources religieuses, Kamel Hussein a posé le problème de l'intérêt de l'Etat, l'intérêt de la religion et les impératifs de la conscience. Il évoque également le regard de Naguib Mahfouz sur l'histoire des religions en s'interrogeant, notamment sur la voie du salut en posant la question qui demeure d'actualité: «D'où viendra le salut de l'humanité: de la tradition religieuse ou de la modernité scientifique?». Ainsi, Monseigneur Tessier considère dans son approche que jamais une culture peut fonctionner seule et que toutes les traditions religieuses sont confrontées à la modernité. «Le passé révélé et construit par la foi des croyants pourrait bloquer le passage au présent et à l'avenir.» De son côté le psychologue, Tahar Absi, a estimé, dans sa communication intitulée «Judaïsme et Islam», que les conflits actuels qui ont des racines profondes dans l'Histoire, doivent être inscrits dans une autre perspective qui rendra l'homme seul responsable. Le Dr Cherif Mustapha, ancien ministre de l'Enseignement supérieur, s'est interrogé sur le type de modernité qu'on veut nous imposer. «L'Islam, ce méconnu, est souvent défiguré par les étrangers et par certains des siens (...)», a-t-il dit. Pour ce philosophe, l'Islam subit le risque commun à toutes les religions. L'ignorance, les aléas de l'histoire du temps des croisades aux guerres de colonisation et de décolonisation, le conflit israélo-arabe, le nouvel ordre international et la difficulté pour un étranger de comprendre le Coran, en sont les causes externes qui empêchent de comprendre l'Islam. Pour des causes internes, le conférencier a impliqué la responsabilité des sociétés musulmanes. «Les limites posées aux libertés, les conditions de sous-développement, l'utilisation de la violence par des groupes archiminoritaires, nuisent à l'Islam et en aggravent les difficultés». Mme Louiza Gallez, philosophe, a fait remarquer, de son côté, que la mondialisation a existé depuis l'aube des temps historiques. Elle cite à ce titre l'Islam qui est passé par les trois phases d'abord la modernité «puisqu'il s'est substitué à un ordre archaïque préexistant», puis s'est mondialisé par son expansion à travers le monde. La philosophe s'est interrogée sur le fait que si «le langage qui est un mythe et qui est devenu un concept, ne pose-t-il pas problème?».