Derniers tyrannosaures de la planète, les régimes arabes se désagrègent lentement ou volent en éclats sous les pressions de leurs peuples. De fait, les «républiques-monarchiques» semblent vivre leurs ultimes secousses, leurs dirigeants n´ayant su ni, sans doute, voulu voir venir les bourrasques populaires annonciatrices de vastes bouleversements. La «pacifique» Tunisie a ainsi été la première à marquer le top, donnant l´exemple en ouvrant les vannes de la contestation de pouvoirs qui se sont établis dans la durée, et le signal de jours nouveaux pour un monde arabe passé à côté de l´Histoire qui a pourtant signifié, dans les années 80, la fin des autocraties en commençant à balayer le pouvoir des Soviets en Russie et en Europe de l´Est. Insensibles à ces changements géopolitiques, les potentats arabes, loin d´en tirer les enseignements qu´il fallait, sont allés à contre-sens de l´histoire en renforçant leurs pouvoirs, comme de préparer le terrain aux fins de perpétuer, par fils interposés, leurs règnes même après leur disparition. Alors que partout dans le monde, notamment en Afrique et dans les pays en développement, on libère des espaces d´expression, c´est le contraire qui a lieu dans les pays arabes où l´on consolide le verrouillage des médias et la marginalisation des partis politiques. La chape de plomb! De Rabat à Amman et de Nouakchott à Sanaa en passant bien sûr par Alger, Le Caire, Khartoum, Riyadh...c´est le même scénario qui prédomine. Quand, progressivement, l´alternance au pouvoir est devenue la règle, y compris dans les anciennes dictatures, elle est plus que jamais l´exception dans un monde arabe sclérosé et fissuré qui se singularise par un archaïsme d´un autre temps. Dans quasiment toutes les «Républiques» arabes, le blocage, qui fixait à deux exercices le mandat à la magistrature suprême, a été annulé libérant le champ aux présidences à vie. Le dernier en date des dirigeants arabes à avoir «rectifié» sa «Constitution» est le Yéménite Abdallah Saleh. De fait, le séisme tunisien a eu des répliques dévastatrices dans le monde arabe, singulièrement au pays des Pharaons dont l´actuel Raïs, au pouvoir depuis 30 ans, estimait savoir ce qui «convenait» aux Egyptiens, considérant son peuple d´ «infantile» ayant besoin d´être guidé et orienté. De fait, c´est la même représentation qui se retrouve dans l´ensemble des pays arabes où les peuples sont désocialisés, éprouvés et taillables à merci. C´est cette triste réalité qui a mis les peuples arabes dans le désespoir. Désespoir exprimé par la jeunesse et le peuple tunisiens qui eurent raison de 23 ans de règne sans partage de Ben Ali. La «protesta» tunisienne a fait tache d´huile et s´est répandue jusque sur les rives du Nil. Or, les maîtres des lieux affirmaient, arrogants, que le «scénario» tunisien n´avait aucune chance de se répéter en Egypte. Que criaient mardi les Egyptiens? «A bas Moubarak», «Moubarak dégage», «La Tunisie la solution» autant de mots «doux» qui ont dû faire plaisir au Raïs qui s´est incrusté et imposé à un peuple égyptien dont plus de 40% de la population (80 millions d´habitants) vit sous le seuil de pauvreté, défié par les milliards du clan Moubarak. En fait, mardi les Egyptiens ont signifié à Moubarak que pour lui, et son clan, c´est le début de la fin. Même si le Raïs égyptien ne tombe pas dans les prochains jours ou semaines, un fait est acquis: Hosni Moubarak, qui aspire à un septième mandat en septembre prochain ou, à défaut, placer son fils Gamal, n´a plus aucune chance de concrétiser ce programme de perpétuation du règne de la famille Moubarak. Le peuple égyptien s´est clairement et massivement exprimé: «Les Moubarak: y´en a marre!» Mardi les manifestants égyptiens ont bien signifié à Moubarak la direction qu´il doit prendre: la porte! C´est juste une question de temps.