Une énième action pour les détenus a failli verser dans l'émeute. Voulu comme action d'accompagnement à la marche des ârchs à travers les rues de la cité pour aboutir à un rassemblement devant la maison d'arrêt de Tizi Ouzou, l'appel à la grève générale, subtilement transformé par certains en une proposition de Yennayer jour férié, n'a guère été suivi à travers la wilaya. Outre les daïras hostiles aux grèves, c'est la ville de Tizi Ouzou qui vient de démon- trer son «ras-le-bol» de ces actions, destinées à «faire faire au mouvement du surplace!» La matinée, plusieurs commerces et tous les cafés ont ouvert leurs portes, accueillant la foule des villageois, descendus en masse, un peu comme de coutume en ville. Jusque dans l'avenue principale et au quartier le plus chaud, la cité des Genêts, certains commerces ont ouvert normalement. Les écoles, lycées et collèges respectant, pour leur part, des appels à la grève émanant de collectifs d'enseignants pour des raisons socioprofessionnelles ont, eux, fermé les classes depuis au moins le début de cette semaine. Quant aux services publics, comme Sonelgaz, les P et T et les banques, ils ont sans doute, par précaution, décidé de baisser rideau alors que les services de l'APC et ceux de la daïra et de la wilaya ont fonctionné quasi normalement. La Cnep a travaillé à «guichets fermés», comme beaucoup d'autres services d'ailleurs. Ce n'est qu'à partir de 11h, après le début des premières escarmouches que les commerces contigus au théâtre des opérations ont baissé rideau. A l'intérieur de la wilaya, tout semble se dérouler normalement, sauf qu'à Draâ El-Mizan, certains fonctionnaires ont décidé d'observer ce qui pour les uns est une grève et pour les autres un jour férié. A Draâ Ben-Khedda et à Tadmaït comme à Boghni d'ailleurs, toute la ville vaquait normalement. Cafés, commerces, services publics et autres étaient ouverts. La même observation a été faite à Aïn El-Hammam. Les villageois ont travaillé normalement surtout les marchands de volailles qui ont fait de bonnes affaires, Yennayer oblige. Il reste que la Kabylie a retenu son souffle, hier, devant ce qui voulait s'apparenter à un retour des émeutes. Les échauffourées enregistrées notamment au quartier les Genêts ont fait, durant un moment, planer ce spectre sur la région. Les manifestants exigeant la libération des détenus des ârchs ont su rassembler tous ceux qui craignaient pour la mort de ces détenus. Les partis politiques et les mouvements, proches des ârchs, pour une raison politicienne, certes, ont dépêché aux côtés des manifestants leurs «militants». Il semble que la dernière sortie «malheureuse» de Zerhouni, à propos des détenus, ait aidé au réveil de la sourde colère. Pour l'heure, la Kabylie croise les doigts et souhaite que «le temps des émeutes» appartienne au passé. Au fait, une liberté provisoire pour ces détenus est-elle un danger pour la République?