La secousse de mardi a provoqué d'autres effondrements dans la ville de Boumerdès. On nous a signalé, hier, l'écroulement de deux immeubles, à la cité Ali-Regaïguia et à la cité des 1200-Logements. Un duplex s'est effondré à la coopérative immobilière située à côté de la cité Sahel. En état d'alerte depuis le séisme du 21 mai, le secteur sanitaire de Boumerdès semblait, hier, débordé. Une forte activité régnait devant les urgences médico-chirurgicales (UMC), où étaient stationnées plusieurs ambulances venues de différentes wilayas. L'UMC a accueilli dans la soirée de mardi, selon le personnel médical, une cinquantaine de blessés. La panique, nous a-t-on dit, en était à l'origine et des cas de traumatologie ont été enregistrés. Parmi les blessés du séisme de mercredi dernier, certains sont “hospitalisés” sous une tente, dans le stade portant le nom d'un chahid, Djilali Bounâama. C'est le cas de Khelifi Adda, un homme de 36 ans, qui a eu les côtes brisées et une fracture à l'épaule. Ils étaient trois, hier, à demeurer encore dans cet hôpital de fortune, sur des matelas et des lits de camp installés sur l'herbe. À côté, se trouve dressée une tente de soins. Non loin de là, un hôpital de campagne français, Escrim, où des blessés recevaient des soins. Hacène et Karima Kaïdi sont les parents de la petite Mélissa (Emilie), 2 ans, retirée vivante après trois jours sous les décombres de leur immeuble, un miracle dont la presse s'est fait l'écho. La jeune maman, âgée de 28 ans, n'arrive pas à se faire à la mort de son autre fille de 4 ans, Lisa, tout en considérant que son mari, sa fille Mélissa et elle-même sont des miraculés. Quelques égratignures et des hématomes pour elle, une amputation du pouce et des points de suture à la main pour son mari. “Je souffre beaucoup de la perte de ma fille, je veux tellement croire à un cauchemar”, nous a-t-elle dit. D'autres patients recevaient également des soins comme ce jeune homme, Bouzegrène Kamel, dont la blessure subie au doigt lors de sa contribution aux opérations de secours s'est sérieusement infectée, faute d'une prise en charge immédiate. Selon un des médecins, des évacuations vers les hôpitaux d'Alger devaient commencer, hier, le nombre de lits (50) ne suffisant plus. À l'intérieur du stade, la détresse des sinistrés n'a d'égale que l'ampleur de la catastrophe qui est visible dans toute la ville de Boumerdès qui porte à jamais les stigmates d'un malheur qu'elle n'attendait pas. Ils affichent leur douleur et, dans leur va-et-vient incessant, ils semblent en errance. Une petite consolation peut-être : les commodités installées dans le but d'atténuer les conséquences de la tragédie, comme l'installation d'une ligne téléphonique et d'une station mobile de la Radio nationale qui diffuse les messages et les avis de recherche lancés par des citoyens. Après la prise en charge médicale, il s'agira de s'occuper de celle relative à la psychologie de tous ceux qui garderont les séquelles du drame. C'est, en partie, dans ce sens qu'intervient l'Association de médecins d'intervention de Lorraine (Medilor) qui s'affairait, hier, à tracer avec le SAMU un programme d'assistance des populations touchées par les conséquences du séisme. L'équipe du docteur Haultecœur Francis, dont c'est la 14e mission à l'étranger lors de catastrophes naturelles, intervient, nous a indiqué ce dernier, dans les pathologies générées par le choc, tels l'asthme, l'anxiété, les maladies infectieuses. R. M.