Situation déplorable, hormis les commerçants d'un certain âge, ils sont une majorité écrasante d'usagers d'instruments de mesure dans leur transaction commerciale, relevant évidemment de l'informel, à ignorer totalement qu'il y a des agents et un service de l'Etat ayant pour prérogative exclusive de contrôler balances, poids et tous instruments de pesage et de mesure. Partout, les balances mono-plateau, réglementairement interdites dans les transactions commerciales, ont pignon sur rue ! À chaque avènement du mois sacré de Ramadhan, qui plonge le souk national dans une anarchie organisationnelle totale, favorisée par un laxisme outre mesure des pouvoirs publics, la flambée des prix défraie la chronique nationale et estompe tous les autres dépassements en matière de pratique commerciale. Ainsi, sommes-nous une grande majorité d'acheteurs à vouer une confiance quasiment aveugle au vendeur, quant à la balance et aux poids qu'il utilise pour peser. Devant l'impuissance à prouver la véritable “rapine”, parfois involontaire, mais souvent délibérée, on doute de “l'honnêteté” des instruments utilisés, mais finalement, on voue sa cause au seul bon Dieu, capable de discerner l'honnête du malhonnête, pour leur infliger la sanction méritée. Aussi, se soucie-t-on peu à accorder le minimum d'intérêt à ce commerçant qui, en guise de poids, utilise des boîtes de conserves, des sachets de sel, et autres poids démunis de leur plomb réglementaire. Combien de fois avons nous été surpris par la découverte, avec désagrément, de boîtes de savon en poudre, dûment fermées, mais sans le moindre grain de produit ! De boîtes d'allumettes ne contenant que quelques brins sans soufre nécessaire, des sacs de semoule ou de ciment ne contenant pas le poids mentionné sur l'emballage ! Situation déplorable, hormis les commerçants d'un certain âge, ils sont une majorité écrasante d'usagers d'instruments de mesure dans leur transaction commerciale, relevant évidemment de l'informel, à ignorer totalement qu'il y a des agents et un service de l'Etat ayant pour prérogative exclusive de contrôler balances, poids et tous instruments de pesage et de mesure. Au lendemain du recouvrement de l'indépendance du pays, et jusqu'à l'avènement de la dramatique décennie rouge du terrorisme, les agents du service des “poids et mesures” observaient un calendrier annuel régulier de passage dans toutes les agglomérations chefs-lieux des communes de la wilaya. Les commerçants étaient convoqués, et leurs instruments étaient contrôlés et poinçonnés, comme étant réglementaires dans la transaction commerciale. Depuis, hélas, cette noble mission décentralisée n'a plus cours, et l'opération de contrôle des instruments de pesage ne se limite qu'à certains points précis du chef-lieu de la wilaya. Ainsi, hormis les marchands en activité au niveau des marchés de gros des fruits et légumes de Sayada, de ceux d'Aïn Sefra ainsi que les commerces des grandes artères de la ville, ce sont des milliers de commerçants dont l'activité nécessite l'usage de balances, établis en dehors de l'agglomération de Mostaganem et à travers la wilaya de Relizane, sur laquelle l'antenne de l'Office national de métrologie légale (Onml) a également compétence, qui échappent aux vérifications légales et au poinçonnage de leurs instruments de pesage. Depuis plus d'une décennie, la rituelle opération annuelle de vérification n'a plus cours en dehors de la ville de Mostaganem. Aux commerçants dûment établis et qui ne sont pas contrôlés, il y a lieu de dénombrer ceux du commerce ambulant, mais surtout ceux de l'informel. Même si elle n'est pas délibérée, dans tous les cas l'arnaque est banalisée, en vertu de la tolérance et des accords tacites entre vendeurs et acheteurs. De par le poinçonnage de ces instruments, l'office assure la garantie officielle quant à leur fiabilité pour l'usage dans le commerce. Ainsi, veille-t-il à la loyauté des transactions commerciales et à la protection du consommateur par la prévention de la fraude. Depuis sa création, bien de jours meilleurs étaient promis à cet Office national, qui ne cesse d'être trimballé de tutelle en tutelle. Outre l'installation d'une antenne au niveau de chaque wilaya, il devrait être renforcé par des moyens modernes et conséquents, notamment à travers la réalisation d'un laboratoire central de métrologie à Alger ainsi que des laboratoires d'envergure régionale implantés à Constantine et à Ouargla. On avait prévu également un programme adapté de formation et de recyclage des agents métrologues en Algérie et à l'étranger. Confondue parfois avec la météorologie, la métrologie, une science à part entière, demeure toujours méconnue. Cependant, le plus dramatique, c'est qu'elle est occultée et marginalisée par ceux-là même qui en devraient faire usage. Dans les pays qui se respectent, elle est érigée en fonction essentielle au sein de l'entreprise. Il est vrai que pour une société qui a perdu ses normes humaines, ne respectant plus l'échelle des valeurs, une norme physique ne peut-être qu'accessoire, si ce n'est négligeable ! M. O. T.