Les pouvoirs publics leur reprochent, du reste, de ne pas trop s'impliquer dans le financement des investissements. Finalement, les banques étrangères qui évoluent en Algérie à la faveur des ouvertures consacrées ne semblent pas être à la hauteur des attentes exprimées par le marché et n'ont pas réussi à provoquer le dynamisme escompté. Portés essentiellement sur le financement du commerce extérieur, à moindre risque et à plus-value assurée, une défaillance que n'avait pas manqué de souligner le président de la République à l'occasion de l'audience accordée au ministre des Finances, certains de ces établissements bancaires viennent de se faire épingler par la Banque d'Algérie pour non-respect de la réglementation liée au contrôle des changes. L'information circule depuis quelques mois dans les milieux bancaires de la place. De sources sûres, on indique que c'est suite à des inspections routinières des services de la Banque d'Algérie que des anomalies et autres infractions au contrôle des changes ont été relevées pour être ensuite signalées à la direction du contrôle des changes. Les anomalies constatées par la mission d'inspection portent sur le non-respect des délais de traitement et d'apurement des dossiers liés aussi bien à des opérations d'importation que celles des exportations, absence des documents-clés attestant de la régularité de ces domiciliations et non-déclaration voire déclarations tardives de certaines opérations à flux importants. Autant de faits donc suffisants au regard des nouvelles dispositions des lois sur le mouvement des capitaux et du contrôle des changes pour inciter la commission bancaire à réagir et à proposer des sanctions financières à l'encontre de ces banques. En effet, ces dernières dont nous tairons les noms risquent de payer de fortes amendes conformément à la nouvelle loi sur la monnaie et le crédit et notamment les dispositions relatives aux mouvements de capitaux qui ont connu au lendemain du scandale Khalifa un durcissement indéniable et de lourdes peines pour toute infraction relevée sur ce segment. Par-delà les sanctions financières encourues, force est de relever qu'il reste étonnant que des banques de renommée mondiale et dont on se plaisait à vanter leur professionnalisme se laissent entraîner dans des positions aussi inconfortables en inscrivant leur nom au registre noir des établissements à surveiller. Plus surprenant encore de voir qu'elles ont été épinglées sur des opérations qu'elles prétendent le mieux maîtriser, en l'occurrence le commerce extérieur. Il faut reconnaître également que la Banque d'Algérie a accompli pleinement sa mission en déclarant les irrégularités constatées, et ce, loin de toute discrimination même si les banques incriminées sont de droit algérien et se doivent à ce titre de plier à la réglementation du pays d'implantation. En fait, l'autorité monétaire leur a accordé dans ce dossier le même traitement que celui qu'elle avait réservé il y a quelque temps à certaines banques publiques de la place en allant jusqu'à retirer des agréments de commerce extérieur pour leurs agences. Ce qui est par contre sûr c'est que les sanctions encourues dans le cadre de la présente affaire se chiffrent en centaines de millions d'euros. À l'évidence de tels faits dénotant d'une gestion hasardeuse pourraient entamer le crédit de ces banques qui brandissaient l'argument du savoir-faire et qui n'avaient de cesse réclamé, rappelons-le, l'abrogation de la fameuse instruction de Ouyahia qui interdisait la domiciliation des fonds publics dans des banques privées. La mesure Ouyahia se voulait un levier de sauvegarde des fonds publics et un instrument d'orientation des intérêts censés amener les banquiers privés à s'investir concrètement dans le financement de l'économie en acceptant d'assumer une prise de risque pour pouvoir objectivement revendiquer plus d'ouverture. Celle-ci sera par la suite abrogée pour “livrer” le marché public à ces établissements sans contrepartie économique en l'absence flagrante d'un authentique cahier des charges susceptible d'amener les banques privées à assumer une part de risque en finançant les investissements productifs à l'instar de leurs homologues publiques de la place. Des erreurs techniques et réglementaires qui risquent de coûter cher à l'économie algérienne si des verrous de substitution ne sont pas mis en place pour reconvertir ce mode opératoire en richesse nationale et rattraper ainsi les énormes transferts de dividendes. ABDELKRIM ALEM