Le 21 octobre, le MAE, Mourad Medelci, se déplacera en visite officielle en Norvège pour inaugurer l'ambassade algérienne à Oslo. Façon de renvoyer la politesse à la Norvège qui avait ouvert son ambassade à Alger, le 10 octobre dernier à Alger. À Oslo, où l'on considère l'Algérie comme “un partenaire majeur en Afrique du Nord”, l'événement est crédité d'un intérêt particulier. Et c'est la raison pour laquelle un séminaire sur “le développement de l'Etat de droit en Algérie et en Norvège” s'est déroulé, vendredi dernier, dans le somptueux cadre de l'hôtel Holmenkollen Park, à l'initiative du ministère norvégien des Affaires étrangères. Ce rendez-vous, où sont conviés des représentants de la justice, des acteurs de la presse et de l'économie, a été l'occasion pour les deux parties de présenter un certain nombre d'expériences qui leur sont propres. C'est Raymond Yuhanssan, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères qui a ouvert le séminaire dans une intervention liminaire dans laquelle il justifie l'ouverture de l'ambassade à Alger par la volonté d'une “coopération plus étroite” devenue “une priorité”. M. Yuhanssan fera un détour par l'histoire pour rappeler la position de la Norvège au moment où l'Algérie était alors engagée dans la lutte pour le recouvrement de l'indépendance nationale. “La Norvège a toujours défendu l'autodétermination de l'Algérie. La victoire de l'Algérie est le triomphe de la justice”, dit-il en rappelant l'époque où la diplomatie algérienne, alors conduite par Abdelaziz Bouteflika, avait pour leitmotiv “un nouvel ordre économique mondial plus juste” et un dialogue Nord/Sud. Pays producteur de pétrole, la Norvège veut aussi promouvoir avec notre pays une plus grande coopération sur le plan énergétique. “Stateoil a une présence de 40 ans en Algérie. Elle apporte son expérience technologique et industrielle que nous espérons raffermir davantage.” Du côté algérien, c'est Abdelkader Cherbal qui a présenté, au nom du président du Conseil constitutionnel, une communication sur “l'Etat de droit en Algérie”. Plus descriptive que factuelle, son intervention est un rappel des actions entreprises par l'Algérie depuis le recouvrement de son indépendance en 1962 “en faveur des droits de l'Homme, comme en témoignent ses différentes constitutions”. Il citera pêle-mêle la massification de la scolarisation, la gratuité des soins, la politique du plein emploi. Le tout sous la bannière du parti unique “dans lequel s'exprimaient différentes sensibilités”. Abdelkader Cherbal s'arrêtera sur le tournant politique intervenu dans les années 80 dans la perspective de l'Etat de droit. Il citera à ce propos l'apparition du pluralisme politique et médiatique, le processus de réforme de la justice dans le souci d'un plus grand respect des droits de l'Homme. Cependant, le représentant du Conseil constitutionnel estime que les systèmes judiciaires “ne sont pas des marchandises importables”. Ils sont la résultante des conditions historiques socioéconomiques et politiques de chaque pays. Maître Sellini, le bâtonnier d'Alger, interviendra dans le débat pour rappeler le rôle des avocats dans l'émergence de la cause algérienne pendant la révolution. Revenant à la situation présente du pays, Me Sellini estime qu'“il ne peut avoir de justice indépendante sans défense indépendante”. Il rappellera, lui aussi, que l'un des premiers chantiers du président Bouteflika était la réforme pour “asseoir l'indépendance de la justice. Notre pays peut se targuer d'un exercice fort du droit à la justice, ajoute-t-il, ce qui est le garant d'une justice libre”. Pour sa part, Yasmina Mehdi, directrice au ministère de l'Industrie, mettra en valeur les efforts de l'Algérie à mettre en place un contexte légal et un programme pour organiser le développement. Elle citera le plan de soutien à la croissance économique et financière avec une enveloppe budgétaire de 145 milliards de dinars entre 2005 et 2009. La représentante du ministère de la Participation mettra en relief les grands projets du président de la République, tels l'autoroute Est-Ouest, le tramway, le plan de développement des Hauts-Plateaux, la réalisation de huit grands barrages. Elle évoquera également l'ordonnance 2001 relative à la liberté de l'investissement. Elle assure qu'il n'existe pas de discrimination entre investisseurs nationaux et étrangers. Amel Boubekeur, une jeune chercheuse algérienne qui travaille à la Commission européenne, fera un brillant exposé sur “le jeune Algérien et l'apprentissage du rôle de dirigeant”. En fait, il s'agit d'un projet au stade embryonnaire qu'elle pilote en Algérie. C'est un programme destiné à initier aux techniques de manager de jeunes leaders algériens. Ces cadres, une fois formés, sont appelés à suppléer le départ de 400 000 cadres algériens qui avaient fui le pays dans les années quatre-vingt-dix. “Nous avons besoin de jeunes élites politiques pour manager les politiques publiques entre les institutions étatiques et les organisations de la société civile”, dit-elle en insistant sur la nécessité d'une dynamique de visualisation de ces élites. L'exposé sur l'état de la presse en Algérie, présenté par notre confrère Zine Cherfaoui, rédacteur en chef du qutotien El Watan, a suscité l'intérêt de l'assistance, visiblement avide d'en savoir plus sur l'expérience algérienne. L'intervenant notera d'emblée la coïncidence entre la date de la tenue de ce séminaire d'octobre et le 5 octobre 88, qui a été le catalyseur du pluralisme politique et médiatique en Algérie. Il expliquera que cette presse reste aujourd'hui la seule voie de recours des citoyens face à la défaillance des autres institutions de l'Etat. Il évoquera aussi les contraintes qui pèsent sur le métier du journaliste en Algérie soumis à la censure et l'autocensure du fait de la criminalisation du délit de presse dans le code pénal. Zine Cherfaoui s'est dit, par ailleurs, favorable à la mise en place d'une instance éthique pour connaître les délits de presse, le cas échéant Me Khaled Bourayou abonde dans le même sens en rendant au passage un hommage à la presse algérienne. Ce séminaire a contribué à donner une meilleure visibilité de la situation en Algérie, un pays dont l'image est souvent prisonnière de stéréotypes. O. O.