Pour Alger, des pressions politiques et médiatiques qu'elle évite de nommer sont à l'origine de la tournure “grave” qu'a prise l'affaire Hasseni. Vingt-quatre heures après la confirmation par la cour d'appel de Paris de l'inculpation de Mohamed Ziane Hasseni dans l'assassinat de Ali Mecili en 1987 dans la capitale française, la réaction d'Alger ne s'est pas faite attendre. “Réprobation”, “interférences à caractères politiques et médiatiques” et “évidence avérée de l'innocence de ce haut fonctionnaire injustement mis en cause”, les termes utilisés dans la réponse d'Alger à l'évolution de l'affaire Hasseni sont assez significatifs de la graduation de sa préoccupation quant à la tournure des évènements. Dans un communiqué rendu public hier, en fin d'après-midi, le ministère des Affaires étrangères a fait état du déplacement en France “sous le timbre de l'urgence”, du chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, qui était en visite officielle à Rome. “Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a rencontré à sa demande et sous le sceau de l'urgence mercredi matin à Paris Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères et européennes”, a indiqué le communiqué du département de Medelci. Cette rencontre avait été précédemment annoncée par le porte-parole du Quai d'Orsay, Eric Chevallier sans plus de détails. Le communiqué du MAE souligne la “gravité” de cette affaire qui dure depuis le 14 août dernier, date à laquelle avait été interpellé à sa descente d'avion à Marseille et mis sous contrôle judiciaire. “Au cours de cet entretien, M. Medelci a fait part à son homologue de la grande préoccupation du gouvernement algérien à l'égard des développements enregistrés dans le traitement de la situation imposée à M. Hasseni Mohamed Ziane, directeur du protocole du ministère des Affaires étrangères en charge du cérémonial et ce, depuis le 14 août dernier”, ajoute le communiqué qui ajoute que Medelci n'a pas “manqué de relever les interférences et pressions à caractère politique et médiatique enregistrées autour de cette affaire”, allusion à l'ignorance par la justice française des preuves présentées jusqu'à présent attestant de l'innocence de Mohamed Ziane Hasseni dans cette affaire puisqu'il s'agit bel et bien d'un homonyme, sans compter le fait aussi du non-respect de l'immunité diplomatique dans un dossier où visiblement la justice française a été entraînée dans un tourbillon politico-diplomatique alimenté par des cercles qui souhaiteraient que les relations entre Alger et Paris puissent à nouveau traverser des zones de turbulences. Ainsi, convaincu de l'innocence avérée de Mohamed Ziane Hasseni, le ministre des Affaires étrangères a “instamment demandé que les autorités françaises prennent toutes les dispositions nécessaires pour le règlement rapide de cette affaire qui a fait l'objet d'une attention continue de la part des autorités algériennes qui restent dans l'attente d'un juste verdict”. Et de conclure : la cellule de crise installée au MAE dès le 14 août continuera à suivre l'évolution de cette affaire dont la gravité est soulignée. Salim Tamani