L'Azerbaïdjan est un nouvel “émirat” sur la mer Caspienne, entre la Turquie à l'ouest, l'Iran au sud et la Russie au nord. Dès la fin des années 1990, cet Etat ex-soviétique est devenu une terre de conquête pour les majors pétroliers en quête de gisements, sur fond de rivalité entre Moscou et Washington. La lutte pour la maîtrise des énergies donne, par ailleurs, à la région l'apparence d'un échiquier sur lequel Moscou et Washington s'affrontent à coups de tracés concurrents d'oléoducs et de gazoducs. Poutine, qui a redonné son lustre à la Russie, a, tout au long de ses deux mandats, œuvré pour dynamiser la CEI (communauté des Etats indépendants) fondée en décembre 1991, sur le cadavre de l'URSS. Elle compte aujourd'hui 12 anciennes Républiques soviétiques, et la Géorgie, qui a annoncé qu'elle se retirait de l'organisation, est en prise à une profonde crise politique. En outre, l'ex-maître du Kremlin, qui est resté au pouvoir en tant que Premier ministre de son propre dauphin, Medvedev, a relooké L'Organisation du traité de sécurité collective, une alliance politico-militaire regroupant des pays de l'ex-Union soviétique : l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, la Russie et le Tadjikistan. L'Azerbaïdjan et la Géorgie, signataires du traité en 1992, ont depuis quitté l'organisation. Et il a crée l'Eurasec, la communauté économique eurasienne, en 2000, composée de la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan. Une année plus tard, l'Organisation pour la coopération de Shanghai (OSC) regroupant le Kazakhstan, la Chine, le Kirghizstan, la Russie, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan avec pour l'Iran un statut d'observateur. L'Azerbaïdjan, comme on le voit, est l'objet de sollicitudes moscovites, car c'est une pièce maîtresse de ce grand jeu russe pour son retour sur la scène internationale. Washington, attiré par le gaz, met les bouchées doubles pour contrarier le projet russe, faisant des yeux doux à l'Azerbaïdjan et tentant de cerner la Russie par des régimes qui lui sont hostiles, colle en Géorgie et demain l'Ukraine si son président parvient à rempiler pour un autre mandat. Affaire à suivre avec l'entrée en jeu probable de l'Iran, de la Turquie et de la Chine. D. B.