Même si elle ne se prononce pas formellement, elle le suggère amplement : la porte-parole du PT sera dans la course pour la magistrature suprême prévue théoriquement dans un peu moins de six mois. “D'une manière ou d'une autre, le PT va participer. Il compte peser de tout son poids, comme il a déjà pesé en 2004. Nous ne laisserons aucun champ d'expression vide”, a-t-elle affirmé, hier, lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti à Alger. Louisa Hanoune ne précise pas pour autant si elle se portera elle-même candidate ou si elle apportera son onction à Bouteflika, au cas où il viendrait à se représenter, ou encore à quelque autre candidature. Mais la référence à 2004, où elle s'est grandement investie, laisse penser qu'elle sera sur la ligne de départ. Par respect des formes, elle ajoute qu'il appartient aux instances du parti de décider en dernier ressort. Sur la révision constitutionnelle que le chef de l'Exécutif avait dit “imminente”, la porte-parole du PT rappelle qu'elle est favorable à la “voie référendaire”. “Le Président a le temps pour organiser le référendum. Il peut même reporter l'élection présidentielle s'il le faut”. L'important, à ses yeux, est de connaître d'abord le contenu. On ignore si elle est dans les secrets des dieux, mais elle fait observer qu'“il y a également la possibilité du passage de la révision par voie parlementaire avant qu'elle ne soit soumise à référendum”. Cela dit, elle semble ignorer la date de cette révision. “J'ai posé la question à certains — dont elle ne précise pas l'identité au demeurant —, ils m'ont tous dit qu'elle est imminente. Sous quelle forme ? On ne sait pas. Il paraît que le Président est insaisissable sur la question.” Son souhait ? Qu'au moins une disposition sur la révocabilité des élus soit introduite dans la nouvelle mouture. “Le nombre de mandats, dès lors, n'aura pas d'importance”, précise-t-elle. Cette revendication du PT, originale, il faut bien en convenir, est visiblement inspirée par le travail de l'Assemblée que Louisa Hanoune n'a pas cessé de stigmatiser durant toute la conférence de presse. “Cette Assemblée vient de démontrer qu'elle est un danger pour la nation. La commission des finances défend les intérêts étrangers. Les députés ont fait primer les intérêts partisans au détriment des intérêts de la nation”, a-t-elle lancé, visiblement très remontée après le rejet par la commission des finances de l'essentiel des amendements, plus d'une soixantaine, introduits par le PT. Et ce qui irrite au plus haut point l'ex-candidate à la présidentielle de 2004, c'est le fait que le Parlement ait rejeté l'amendement sur l'interdiction d'importation de médicaments, alors que le gouvernement avait pris une décision dans le même sens, la veille. “Des décisions souveraines ne trouvent pas de soutien au sein de l'Assemblée. C'est une réponse infâme et antinationale pour nos amendements de la part de la commission. La majorité a fait preuve de cécité politique”. “Il y a certains qui nous ont insultés, mais on ne répond pas à la provocation. Cependant, aucune menace ne nous fait peur.” Pourquoi le PT a opté pour l'abstention alors qu'il pouvait rejeter le texte ? “Nous ne faisons pas dans l'oppositionnisme. Nous sommes sérieux et nous cherchons des solutions algériennes. Si l'on a opté pour l'abstention, c'est parce que nous avons estimé qu'il y a des choses positives, tout comme nous avons relevé des choses négatives.” À l'origine des contradictions qui s'expriment parfois au sein de l'Assemblée ou encore des orientations économiques, elle croit entrevoir un “bicéphalisme”. “On voit des contradictions à tous les niveaux”, dit-elle non sans rappeler que le Président a pris des décisions courageuses qu'elle salue, mais qui n'ont pas été suivies sur le terrain. D'où cette pique contre ceux qui se revendiquent de le soutenir mais qu'en réalité le desservent. “La politique qui nous ramène le chaos, ce n'est pas une politique de soutien. C'est soutenir la corde d'un pendu.” Mais malgré cette levée de boucliers contre la Chambre basse du Parlement, le PT n'est pas disposé à s'en retirer. “Le PT se retirera le jour où les citoyens le lui demanderont. Nous sommes fiers du travail que nous accomplissons et nous voulons nous battre sur le terrain politique. Nous avons une mission politique, mais nous ne nous faisons pas d'illusions sur cette Assemblée”. Sur les budgets de la défense et de l'intérieur, parmi les plus importants dans la loi de finances, elle estime qu'il est “normal” que l'Etat se donne les moyens de se défendre car “on est ciblés”, et considère que l'élection de l'assemblée constituante est l'unique alternative à la crise nationale. Enfin, sur la polémique qui a éclaté entre le député du RCD, Aït Hamouda, et certains députés autour de la question des faux moudjahidine et des chouhada, Louisa Hanoune estime “qu'il y a beaucoup d'amalgames en ce moment”. “Pour nous, il y a un million cinq cent mille de martyrs, c'est sacré.” Karim Kebir