Alors qu'ils continuent d'exiger le report du baccalauréat à septembre, hier, les lycéens de la wilaya de Tizi Ouzou ainsi que les parents d'élèves ont essuyé une fin de non-recevoir de la part de la wilaya. Reçus par le chef de cabinet, celui-ci leur a signifié qu'ils avaient intérêt à préparer l'examen, au lieu de manifester, et qu'ils n'étaient pas représentatifs. Les syndicats du personnel éducatif, la Fédération des parents d'élèves et particulièrement les lycéens ne l'entendent point de cette oreille. En effet, ils ont tout l'air de vouloir aller jusqu'au bout de leur seule revendication : reporter le bac à septembre comme cela été décrété pour les wilayas d'Alger et de Boumerdès, car Tizi Ouzou est aussi une zone sinistrée. Hier, vers 9h, les lycéens ont commencé à affluer vers le siège de la direction de l'éducation. Leurs délégués étaient à l'intérieur, alors que les lycéens, des centaines au départ, des milliers ensuite, ont commencé déjà à scander des slogans : “Pour le report du bac” et “Non à la ségrégation”. Des banderoles sont brandies sur lesquelles on pouvait lire : “Nous exigeons le report du bac”, “Bac national = tragédie nationale”, “Ulac l'bac le 7 juin, ulac”, etc. Ils sont venus de plusieurs daïras : Tizi Ouzou, Tigzirt, Tadmaït, Draâ Ben-Khedda etc. Le siège de la direction de l'éducation regorge de policiers, en civil ou en tenue, aux aguets d'un quelconque dérapage. Les parents d'élèves étaient là aussi et c'était beaucoup plus eux qui calmaient à chaque fois la foule excitée et impatiente d'entamer une marche. M. Arridj, président de la Fédération des parents d'élèves, est entré chez le directeur de l'éducation, mais il reviendra bredouille. La décision est maintenue. La marche s'ébranle alors. Et de nombreux slogans fusaient de la foule : “L'bac samedi, sabotage inani !”, “Y'en a marre de ce pouvoir”, “Tragédie nationale, nous sommes concernés”, etc. La foule s'élargissait au fur et à mesure, syndicalistes, parents d'élèves, lycéens et quelques délégués du mouvement citoyen. Arrivés au siège de la wilaya, les délégués et parents d'élèves entrent chez le wali et les autres étaient en attente devant le portail. Une fois la délégation sortie, c'est le dépit. Mais ils ne sont pas pour autant découragés. Rendez-vous fut donné pour aujourd'hui à la même heure devant le siège de la direction de l'éducation et une marche se tiendra le samedi, jour du bac. La Coordination nationale autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) a, par ailleurs, exigé l'élargissement du report décidé aux wilayas éprouvées par le séisme à défaut d'une solution plus pédagogique qui consisterait en un report national de 15 jours et l'organisation d'une seconde session au mois de septembre. La Cnapest, en se déclarant solidaire avec les élèves et leurs parents, apporte son soutien agissant aux actions que ces derniers entreprendront. “La Cnapest de Tizi Ouzou s'insurge encore une fois contre les mesures insidieuses et pernicieuses prises par le Conseil des ministres excluant du report de la date du baccalauréat certaines wilayas pourtant durement éprouvées par le séisme, au moment même où toute la nation et la communauté internationale concourent à apaiser leurs peines”, lit-on dans une déclaration rendue publique hier. Ce syndicat estime, par ailleurs, que ceci ne peut que dénoter clairement la légèreté avec laquelle les pouvoirs publics “s'ingénient” à solutionner le problème au mépris total de la pédagogie, alors qu'“en dépit d'un cataclysme d'une grande envergure, nos candidats aux épreuves de cet examen, ô combien décisif, se voient privés d'un traitement, le moins qu'on puisse dire, équitable”, dénonce encore la Cnapest. K. S.