L'Afrique réclame aux pays riches plus de ressources pour l'adaptation et la mise en œuvre d'une stratégie régionale africaine pour la réduction des risques de catastrophes. Nulle surprise quant au contenu de la Déclaration d'Alger qui a résulté des travaux intenses de la conférence des ministres africains de l'Environnement sur les changements climatiques qui s'est tenue à Alger les 19 et 20 novembre du mois courant. Les Africains, absents au Sommet de Kyoto et qui ont brillé par une participation timide à Bali, comptent bien inverser la tendance et peser de tout leur poids au Sommet de Copenhague. Une rencontre précédée par la Conférence de Poznan (décembre prochain) où se dessinera la nouvelle architecture de ce que sera le nouveau “testament” de l'environnement sur les changements climatiques. “Il s'agira probablement d'une mixture entre un Kyoto 2 et un Copenhague 1”, soutiendra Yvo De Boer, secrétaire exécutif de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques expliquant que certaines parties plaident pour le “prolongement du protocole de Kyoto”, soutenant qu'il était “impossible de s'en contenter”. En effet, la donne à tellement évolué ne serait-ce qu'au niveau des prises de conscience des uns et des autres, mais surtout avec un nouveau président pour les Etats-Unis. Quoi qu'il en soit, l'Afrique doit figurer en bonne place dans ce nouvel échiquier et la Déclaration d'Alger qui lui servira de base pour les futures négociations sur le climat. Il en ressort en substance “la constitution d'une alliance continentale et intercontinentale sur le climat entre l'Afrique et les autres régions du monde”, qui sera “une plate-forme de dialogue, d'échanges et de partenariat durables dans l'objectif d'instaurer une bonne gouvernance environnementale”. La mise en place d'une Task Force ministérielle sur les changements climatiques en soutien aux négociateurs africains dans le cadre des échéances à venir, notamment Copenhague 2009. L'adoption d'un plan triennal contenant des projets opérationnels à court et moyen terme relatifs au développement des énergies durables, à la lutte contre la dégradation des terres, à la gestion durable du patrimoine forestier. La Déclaration d'Alger aborde, par ailleurs et dans le détail, l'appel au G8 pour mettre en œuvre les recommandations contenues dans le communiqué de Gleaneagles relatif aux changements climatiques, à l'énergie et au développement durable, en particulier la création de centres climatiques régionaux en Afrique. Les Africains réclament aussi l'amélioration de la gestion des risques climatiques et la mise en œuvre de la stratégie régionale africaine pour la réduction des risques de catastrophes. Ils demandent, alors, aux pays développés de respecter leurs engagements contenus dans la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et le protocole de Kyoto et à poursuivre leur concrétisation en matière d'aide au développement et de transfert de technologies, à l'ONU et ses institutions spécialisées à examiner les problèmes liés aux flux migratoires, générés par la dégradation de l'environnement, afin d'aider les pays africains d'origine à en limiter l'ampleur et à fournir à ces nouveaux réfugiés climatiques la protection nécessaire. Les pays africains demandent aussi “la prise en compte des préoccupations de notre continent”, notamment l'adoption d'un protocole comprenant les priorités africaines telles que la lutte contre la désertification et la dégradation des sols, la gestion des côtes pour enrayer leur érosion et les effets de l'élévation des niveaux de la mer, la sauvegarde de la biodiversité, l'agriculture et les ressources en eau. Ils souhaitent que soit facilité leur accès aux programmes de lutte contre la déforestation et l'accroissement du niveau des financements, en particulier au travers du FEM. Nabila SaIdoun