En déplacement à Alger, à l'occasion des Journées technologiques françaises (JTF), Jean-Pierre Raffarin était hier l'invité de l'ESAA. Il a évoqué l'accélération des projets de l'UPM comme l'une des solutions pour sortir de la crise financière mondiale. Dans un amphithéâtre rempli d'étudiants de l'ESAA (Ecole supérieure algérienne des affaires), l'ancien Premier ministre français et actuel sénateur de la Vienne, Jean-Pierre Raffarin, a animé, hier matin, une conférence autour de la crise financière mondiale. Selon lui, en sortir passera obligatoirement par un plan de relance économique, “le retour à la pensée keynésienne”, a-t-il soutenu. “Je suis pour la relance de l'offre, non celle de la demande”, a-t-il déclaré pour expliquer que la stratégie de relance doit comporter, ce qu'il appelle, “des projets pour le futur”, qui reposeront sur le développement de la recherche et de la formation. Aussi, la relance devra concerner tous les pays du monde. “L'Europe ne doit pas être égoïste, elle devra ouvrir ce plan de relance aux pays du Maghreb, il nous faut réfléchir sur tout ce qui se passe sur la rive méditerranéenne”, a-t-il ajouté. Selon lui, il faut accélérer les projets inscrits dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée (UPM). “Je suis un fervent partisan de l'UPM”, a-t-il dit. Et d'ajouter : “La planète doit respecter et assumer sa diversité, le respect de la diversité sera la valeur du XXIe siècle, ainsi la réciprocité du respect favorise l'équilibre et rechercher l'équilibre, c'est rassembler le Sud et le Nord autour de projets fédérateurs.” Etant lui-même diplômé de l'Ecole supérieure de commerce de Paris, promotion 1972, il a tout de suite su captiver son auditoire. Avant d'esquisser des solutions à la crise financière actuelle, M. Raffarin, dans un langage académique, avait d'abord expliqué ce qui est la différencie de celle de 1929. “Même si dans les deux cas, la crise provenait des Etats-Unis d'Amérique, celle de 1929 était une crise de surproduction et de surconsommation tandis que la crise financière actuelle est, au contraire, une crise de sous-production et de sous-consommation”, a-t-il fait remarquer. L'autre différence réside, selon lui, dans la rapidité de réagir face à la crise. Il explique que “lors de la crise de 1929, les Etats avaient pris beaucoup de retard pour réagir contrairement à cette fois-ci, où les gouvernements se sont très vite réunis au cours du G20 à Washington. Les pays émergents y ont été associés, ce qui constitue un phénomène nouveau”. Toujours selon lui, la monnaie unique place l'Europe dans un système sécurisé qui a permis d'éviter une vague de dévaluations. “La crise de 1929 avait provoqué 40 dévaluations monétaires”, a-t-il rappelé. Cependant, l'impact de la crise financière actuelle sur la France n'en demeure pas moins important. Citant les conclusions d'un centre français de prévisions, il indique qu'“en 2009, le taux de chômage atteindra les 8,5%, un prêt sur trois sera refusé et près de 60 000 entreprises seront menacées de dépôt de bilan”. Par ailleurs, il a précisé que les problèmes les plus importants se poseront aux Etats-Unis car c'est le déficit budgétaire américain, creusé par la dette chinoise, qui est à l'origine de la crise qui s'est propagée. “Rétablir l'équilibre économique américain sera le grand défi de Barak Obama”, a-t-il affirmé. Enfin, M. Raffarin recommande la prudence lorsqu'il s'agit de mêler le discours politique et les promesses électorales à l'économie. Sur un ton bonhomme qui le caractérise parfaitement, il a quelque peu remis en question le fameux slogan, scandé tout au long de la campagne électorale d'Obama, en disant “yes we can, yes we can, mais… ce sera compliqué”. Amina Hadjiat