Selon un recensement élaboré par le service social de la commune d'Illiltène, 939 démunis ne bénéficient pas d'assurance sociale. Ceux-ci travaillent comme journaliers ou pas du tout, selon des cas. Ce n'est peut être pas visible à vue d'œil, mais au fond la chose est là, une situation bien dramatique. Dans cette région montagneuse, à 70 km au sud-est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, la vie est de plus en plus dure avec la baisse du pouvoir d'achat, l'augmentation des prix et le chômage ambiant. Beaucoup de gens arrivent tant bien que mal à joindre les deux bouts, mais certains autres, particulièrement ceux atteints de maladies chroniques ou de handicap, c'est une autre histoire. Ceux-ci sont souvent livrés à eux-mêmes, attendant une aide des autorités, une assistance qui arrive rarement dans cette localité isolée. Selon un listing préliminaire de recensement élaboré par le service social de la commune d'Illiltène, 939 démunis ne bénéficient pas d'assurance sociale. Ceux-ci travaillent comme journaliers ou pas du tout, selon des cas. Par ailleurs, 258 familles sont sans aucun revenu, un chiffre par trop élevé, estime-t-on, pour une commune de 14 000 habitants. Additionner ce chiffre aux non-bénéficiaires d'assurance sociale, cela donne près de 9% de la population dans la disette. Selon le même listing, 5 personnes sont sans domicile fixe… Des chiffres qui illustrent la dégradation du niveau de vie dans cette région où l'absence d'un tissu économique a un impact négatif sur le social. Le même constat révèle que beaucoup de malades chroniques sont sans ressources : 30 asthmatiques, 3 cancéreux, 13 souffrants d'insuffisance rénale, 46 diabétiques (insulino-dépendants), 6 atteints de tuberculoses, 41 cardiaques, 20 hypertendus malignes. Par ailleurs 37 personnes de plus de 60 ans sont sans revenus et sans soutien familial, 64 femmes se trouvent en détresse et un jeune malade mental livré à lui-même. Le même service communal a enregistré 113 handicapés moteurs totalement démunis, 216 handicapés mentaux, auditifs et visuels, âgés de 0 à 17 ans et plus et vivant la même situation. Pour Ouramdane, un diabétique, père de famille de huit enfants : “C'est pas facile de vivre avec une maladie chronique… Cela est éprouvant. On n'a pas les moyens pour faire face.” Il vit d'une modeste pension. Il arrive difficilement à tenir le coup. Selon notre source, certains diabétiques connaissent une situation plus complexe : “L'aide de 1000 DA tous les 3 mois accordée par l'Etat est bien dérisoire, ce qui a des retombés frustrantes sur le moral des malades.” On nous signale également la cherté du traitement, jusqu'à 14 000 DA. Les chiffres avancés par ce service social de la commune Illitène sont en deçà de la situation réelle. Les enquêteurs en l'occurrence expliquent : “Nos investigations, effectuées sur le terrain, étaient très ardues… La maladie est encore dans l'esprit de certains comme une forme de décadence ; elle est souvent traitée comme un sujet tabou.” Il y a lieu de signaler que ce recensement a été élaboré pour l'établissement de cartes sociales pour les démunis. “Ce projet de wilaya a pour but de permettre des soins gratuits aux malades en difficultés...”, apprend-on. Beaucoup espèrent une suite concrète à cette initiative. Au niveau local, rien n'a été entrepris pour faire face à cette situation. Le travail des services sociaux se “limite malheureusement à la distribution des aides alimentaires” qui arrivent rarement, faut-il le rappeler. Kouceila TIGHLIT