Cette baisse importante du niveau d'extraction de l'organisation serait décidée lors de la réunion de l'Opep, prévue le 17 décembre à Oran. “Ce qui est maintenant un problème, c'est le niveau du stock, c'est-à-dire la quantité de pétrole stockée dans les différents stocks aux Etats-Unis, en Europe et sur les bateaux, qui est l'équivalent de quatre jours de la consommation mondiale. Il faut que ces quatre jours de consommation mondiale soient enlevés du marché, et ceci va prendre du temps.” C'est du moins ce qu'a déclaré, jeudi dernier, Chakib Khelil, le ministre de l'Energie et des Mines et président en exercice de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole lors de son passage à la Radio nationale Chaîne II, pour évoquer la situation des pays exportateurs de pétrole à l'orée de la crise financière mondiale. Pour Chakib Khelil, “enlever les quatre jours de la consommation mondiale dépend de la position de l'Opep. Cela peut prendre trois mois, six mois à une année”. “C'est à ce niveau-là qu'on verra une évolution du prix du pétrole”, explique-t-il encore à l'animateur de la radio Chaîne II. D'autant plus, a-t-il noté, que la demande mondiale de pétrole pourrait baisser de 500 000 b/j en 2009. Interrogé sur le degré de préparation des pays membres de l'Opep par rapport à cette dégringolade du prix du baril du pétrole, le ministre expliquera que la baisse du prix de l'or noir “a eu lieu dans le passé comme cela a été le cas en 1998 avec 9 dollars le baril”, ajoutant que cette année a été “exceptionnelle”. “En 2008, dit-il, le prix a augmenté surtout par spéculation, et ce sont les mêmes spéculateurs qui ont fait baisser le prix jusqu'à récemment.” De l'avis du ministre de l'Energie, “cette situation de 2008 est différente de 1998, de 1985 et 1986, qui étaient marquées par des crises financières”. Recettes hydrocarbures : 75 à 76 milliards de dollars en 2008 En 2008, il s'agit d'une bulle financière qui a affecté les plus grands de ce monde, les Etats-Unis et l'Europe, dont les économies sont entrées en récession. La particularité de cette nouvelle situation réside, de l'avis du ministre, dans le fait que “la crise économique continue de se répandre”, mais aussi du fait que “la demande pétrolière dépend de la croissance économique”. “Tout le monde sait que la crise économique va continuer en 2009 et en 2010 et ses impacts ont été ressentis en 2008 sur la demande pétrolière”, expliquera encore le membre du gouvernement Ouyahia. Cette situation devrait conduire, selon le ministre, à “une coupe plus sévère dans son offre lors de sa réunion du 17 décembre à Oran pour établir l'équilibre entre l'offre et la demande”. Baisse des prix du pétrole 5 milliards de dollars de pertes pour l'Algérie M. Khelil dira sur cette question qu'“il y a un consensus dans la réduction de la production, dont la décision est appuyée même par la Russie, pays producteur mais non membre de l'Opep, et ce, à travers des contacts entrepris avec les pays membres de l'Opep dont, notamment le ministre saoudien du Pétrole”. La Russie va dépêcher son vice-Premier ministre en charge de l'Energie, Igor Setchine, et son ministre de l'Energie, Sergueï Chmatko, pour appuyer la décision de l'Opep à l'occasion de la réunion d'Oran. C'est une manière pour la Russie d'accorder de l'importance à cette réunion, expliquera le ministre de l'Energie. “L'Opep doit mener un combat continuel pour suivre la situation de l'économie mondiale, le mouvement des stocks et les enlèvements effectifs devant accompagner les décisions de réduction pour ajuster son offre”, expliquera à ce propos Chakib Khelil. Avant de noter qu'“une baisse de 8% des 9 millions barils/jour (que ce pays produit) est importante”. Le ministre a réitéré avec insistance, comme il avait l'habitude de le faire, sur l'impératif de la contribution des pays producteurs non-Opep, comme la Russie, la Norvège et le Mexique dans la stabilisation du marché. “L'Opep a, certes, un rôle important à jouer mais elle ne contrôle que 40% de la production mondiale, soit 30 mb/j sur les 86 mb/j produits à l'échelle mondiale”, note-t-il, dans le but de sensibiliser ces pays à prendre part à la stabilisation du marché. Interrogé sur la position de la Russie, le ministre de l'Energie dira : “La Russie va probablement décider de réduire sa production en accord avec la décision des pays de l'Opep à Oran, mais il existe toutefois des divergences entre la position officielle de la Russie et celle de compagnies pétrolières privées russes qui s'opposent à une décision de réduction.” Et d'ajouter : “La Russie a réduit les taxes à l'exportation de brut, ce qui équivaut à une augmentation de ses ventes de pétrole”, avant de noter que “des contradictions ne manqueront pas d'échapper au marché qui, lui, préfère attendre les statistiques qui seront établies entre le 10 et le 17 décembre à partir des enlèvements de pétrole afin de voir si tout le monde a bien rempli ses engagements”. Interrogé, en outre, sur les recettes pétrolières, Khelil indiquera que l'Algérie pourrait atteindre les 76 milliards de dollars à la fin 2008. “Malgré cette révision à la baisse des prévisions des recettes pétrolières du pays, qui tablaient en mai dernier sur un montant de 80 milliards de dollars, les revenus attendus allant de 75 à 76 milliards de dollars restent un record”, notera le ministre à ce propos, tout en expliquant que “la chute des cours mondiaux du pétrole s'est traduite pour l'Algérie par une baisse de ses recettes de l'ordre de 5 milliards de dollars depuis juillet jusqu'à maintenant”. Les revenus pétroliers de l'Algérie s'étaient établis à 59,3 milliards de dollars en 2007, a-t-il indiqué par ailleurs. NADIA MELLAL B.