Dans cette interview accordée au supplément économique de Liberté, le ministre confirme la poursuite de la politique de la location-vente, le renforcement des missions de l'Aadl, et du redéploiement en cours de réflexion des eplf. Sur le million de logements prévus à la réception en 2009, il annoncera que 750 000 sont déjà réalisés. Liberté : Pouvez-vous nous faire une topographie du programme de 1 million de logements que l'on s'était promis de réaliser avant la fin 2009 ? À quel stade d'avancement sommes-nous et serez-vous finalement au rendez-vous ? Noureddine Moussa : Je vous rappelle que j'ai eu déjà à répondre à cette question par le passé. Ce que vous devez savoir sur le million de logements, il est constitué par 4 ou 5 formules : le social-locatif, que l'on appelle également le public locatif destiné aux catégories les plus défavorisées ; la formule d'accès à la propriété à travers le lsp (logements sociaux participatifs) et la location-vente, le rural et, bien sûr, la dernière formule celle qui concerne le promotionnel, c'est-à-dire le logement dit commercial. Le programme est en cours de réalisation. Donc, le bilan fait ressortir que du 1er janvier 2004 au 30 septembre 2008, toutes formules confondues, nous avons réalisé 750 000 logements. C'est un chiffre appréciable et nous avons actuellement plus de 500 000 logements en chantier. Cela veut dire, à la lumière de ces chiffres, que nous avons un potentiel de réalisation important considérant les délais de maturation d'un projet, c'est-à-dire les études, etc. Nous avons donc bon espoir pour réaliser le maximum de ce programme qui nous est imparti. Nous avons bon espoir pour réaliser quelque 80 000 logements à la fin de ce 4e trimestre 2008. Face à cette volonté manifeste des pouvoirs publics de relancer le secteur de l'habitat et d'inscrire le logement au chapitre des priorités, il est difficile de comprendre la décision prise concernant le sort réservé aux EPLF. Pouvez-vous nous en dire plus ? L'Etat a fait une évaluation quant à leur fonctionnement dans leur forme actuelle, et il a jugé que leur rendement face aux objectifs assignés était inefficace et insuffisant. Et, partant, il a préconisé de revoir leur organisation. C'est en cours d'études, et prochainement les décisions seront connues. Cela ne veut aucunement dire que nous remettons en cause leur apport. Au contraire, nous tenons à rassurer les cadres de ces entreprises car c'est un potentiel que l'on veut préserver, sauf que l'on s'achemine vers une nouvelle organisation à même de permettre aux EPLF de mieux contribuer, et de manière plus significative, aux programmes d'investissement public. C'est tout, il n'y a pas matière à spéculer. L'Etat cherche à se doter de tous les moyens afin d'optimiser le redéploiement de tous les acteurs du secteur. Revenons sur le cas de l'AADL et de la polémique qu'il y a autour de son avenir, ainsi que celui de la location-vente. Pouvez-vous être plus explicite sur ces questions ? D'abord, il n' y a aucune polémique sur cette question. Je le dis et le redis, l'AADL existera au même titre que la location-vente. Il n'a jamais été question de remettre en cause son existence. Il faut reconnaître que, depuis 2002, cette agence a fait du bon travail malgré toute la pression, et à ce titre, je rends hommage à tous les cadres de l'AADL qui ont réussi à réaliser des ouvrages structurants. L'AADL sera encouragée et renforcée dans sa stratégie afin de lui permettre de mieux participer à la réalisation des programmes futurs. En dehors du million de logements, quelle stratégie mettez-vous en œuvre afin d'essayer de contenir la demande sans cesse grandissante et d'intervenir de manière plus significative sur l'offre ? Quelles sont les mesures prises ou qui seront lancées ? Il faut savoir qu'il y a tout un processus engagé au plan technique et sur le plan réglementaire afin de recenser tous les acteurs et les redéployer. Nous raisonnons en termes de marché de l'immobilier, donc de l'offre et de la demande, même si l'Etat continue à soutenir le citoyen, notamment les couches les plus vulnérables à travers les formules et les mécanismes de facilitation. Nous avons, comme vous le savez, travaillé dans le sens de la professionnalisation des agents immobiliers qui doivent désormais se plier à certaines règles de gestion et de transparence. Aussi, désormais leur activité est réglementée, et ce n'est que la première étape d'un processus afin d'amener tous les intervenants à converger autour d'une véritable relance du secteur. Que ce soit le parc locatif ou celui de la revente, on veut sécuriser toutes les parties concernées, et ce, d'un point de vue juridique pour arriver à casser la pression et les appréhensions des uns et des autres. Pour nous, la mise en place d'une nouvelle politique de gestion immobilière est aussi importante que l'acte de bâtir. Notre souci est donc de mieux maîtriser la demande et de réadapter judicieusement l'offre. Savez-vous qu'en 1998, nous avions un parc immobilier de 5 200 000 logements et à fin 2008, nous avons 6 748 000 logements. Et on va terminer avec plus de 700 000 unités. Donc en dix années, on a construit 1 800 000 logements. En 1998, on avait un TOL (taux d'occupation par logement) de 7 et en 2008, il est passé à 5, d'où une bonne progression, mais on veut arriver à un TOL de 4 personnes par logement. Donc, nous sommes en train d'organiser le secteur en redéfinissant tous les aspects liés à l'activité immobilière pour arriver à faire baisser la tension sur le logement. Dans notre vision qui porte sur l'implication du citoyen, il est également prévu de mettre en place des outils qui préservent le cadre de vie et prévoient la gestion du bâti, son environnement, etc. Notre préoccupation actuellement est d'arriver à atteindre un certain niveau de qualité, entretien du logement, etc. car il s'agit d'investissement public. C'est un travail de longue haleine, mais on doit arriver à réunir les meilleures conditions de vie autour de nos cités. Enfin, je vous confirme que l'Etat continuera à faire du logement social et à aider les couches défavorisées car il y va de la stabilité du citoyen. A. A.