Le Centre culturel français d'Alger accueille la compagnie théâtrale palestinienne Al-Hakawati pour deux représentations consécutives (hier ainsi qu'aujourd'hui) de la pièce une Mémoire pour l'oubli, d'après le texte de Mahmoud Darwish. Mis en scène par Amer Khelil et François Abou Salem et interprété par ce dernier, le monologue une Mémoire pour l'oubli replonge le spectateur dans le contexte d'août 1982, dans la ville de Beyrouth, lorsque les autorités israéliennes assiégeaient cette ville. Le monologue met en scène un poète exilé dans sa chambre au 8e étage durant ces évènements. Mais au-delà de tout cela, le monologue traite de l'exil intérieur d'un poète, à savoir un être pas tout à fait comme les autres car sensible et avisé. Le poète entame ses pérégrinations mentales par la mort… Il parle du jour de sa mort. Celle-ci devient donc un début et non une fin ou une finalité. Après avoir réalisé qu'il était bien en vie, en chair et en os, le poète pose la problématique du souvenir et de la mémoire. Peut-on se rappeler de chaque détail d'une situation ? Selon la pièce, la réponse est malheureusement non. Malgré la vivacité du souvenir, il ne peut effectivement pas restituer les odeurs. Par exemple, pour l'odeur du café, on peut revoir la cafetière, se voir en train d'apprécier le goût, mais l'odeur reste insaisissable. Plus tard, le poète parle de la guerre, avec comme bruit de fond, le son des avions et des bombardements. En fait, la vie avant la guerre ressemble aux odeurs qu'on n'arrive pas à restituer. Elle est insaisissable et imperceptible surtout pour des gens qui n'ont connu que chaos depuis qu'ils ont vu le jour. Une Mémoire pour l'oubli ne s'enferme dans aucune forme particulière, mais il y a une certaine expérimentation, pas très évidente. Le texte est en arabe. Dit ou déclamé par François Abou Salem, une Mémoire pour l'oubli garde tout son charme et toute sa beauté. À ne pas manquer ce soir à 19h, si vous avez raté la représentation d'hier. S. KH.