Le Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed ne nourrit aucune illusion quant à une éventuelle évolution démocratique du régime algérien, confiné à la culture de “la violence et de la corruption”. “Nous ne croyons pas à une évolution du régime, ni de l'intérieur ni par les instruments institutionnels et des élections qu'il a mis en place. C'est un système à bout de souffle, cliniquement mort, et qui se maintient par des bricolages”, soutient Karim Tabou, le premier secrétaire du parti. “Pour tout Algérien ayant le sens de l'honneur et le sens de l'histoire, il est évident qu'il n'y a plus rien à attendre de ce régime”, a-t-il déclaré hier dans un point de presse, à l'issue de la 4e session ordinaire du conseil national du FFS, tenue ce week-end et consacrée, pour l'essentiel, à la situation politique générale et aux questions organiques. Il faut dire que le propos n'a pas changé puisque dans son discours d'ouverture des travaux, Karim Tabou a puisé dans le même répertoire sémantique, marque de fabrique du parti, pour apprécier la situation politique. “Les récentes décisions politiques, selon lui, attestent du sous-développement moral et politique d'un système qui n'a de méthode de gouvernance que la violence politique et la corruption morale”. Un régime, dit-il, d'apparence fort “parce qu'il dispose d'un appareil répressif et de réserves financières”, mais en réalité “faible” car ne jouissant pas de la confiance populaire. Pour le FFS, deux issues se dessinent pour le pays : le fascisme ou la démocratie. “L'attitude des forces démocratiques et sociales sera déterminante. L'abdication et la capitulation d'un côté ; la lucidité, la conviction et l'engagement durable de l'autre côté”. Quelle parade alors ? “Aujourd'hui, le pays ne doit pas désarmer face aux forces de la décadence, de la régression et de l'aliénation. Aujourd'hui, les Algériennes et les Algériens doivent se mobiliser pour barrer la route à la dictature des opportunistes et aux bradeurs du pays (…)”, fulmine Tabou. De là à dire que le FFS n'ira pas aux élections, il n'y a qu'un petit pas à franchir. “Le parti n'a pas explicité sa position, ce n'est pas une priorité du débat. Et puis, ce serait mentir à soi-même que de parler d'élection dont on a du mal à trouver le qualificatif approprié dans un climat où on n'a laissé aux Algériens que la violence dans leurs rapports sociaux”. “Le retour d'Ouyahia est déjà une insulte au peuple et je ne trouve pas fiable la présence d'observateurs pour cette mascarade”, soutient Tabou. Interrogé sur l'initiative des trois (Hamrouche, Mehri et Aït Ahmed), le premier secrétaire du FFS a indiqué que son parti s'est engagé à rendre lisible sur le terrain leurs orientations, mais qu'il appartient aux concernés d'annoncer s'ils envisagent de prendre une position commune dans les prochaines semaines à propos de l'élection présidentielle. Sur le registre organique, le FFS a procédé à un léger remaniement au sein de son secrétariat national. On notera le retour de certains cadres dont le Dr Kamel Eddine Fekhar, de la fédération de Ghardaïa. Sur un autre plan, le parti a décidé de relancer l'école de formation, présidée par Boumama Faïrouz, à compter du 30 janvier prochain au profit des étudiants, des cadres et des élus du parti. Jeudi, lors de l'ouverture de la session, un film sur les inondations qui ont fait une soixantaine de morts et plusieurs disparus dont des Africains a été projeté en présence de témoins, militants du parti. Une plainte est envisagée contre l'entreprise qui avait construit le barrage qui a cédé, provoquant le chaos dans la vallée du M'zab. Par ailleurs, une conférence sur les conséquences de l'état d'urgence, en vigueur depuis 16 ans, sur les droits de l'Homme et la vie politique, a été animée par un avocat. Karim Kebir