Taghit, la carte postale par excellence de la vallée de la Saoura, garde toujours son aspect ancestral. Pour preuve, cette perle du désert algérien, située à 80 km du sud de Béchar, a reconquis ses touristes qui viennent par milliers pour visiter un site pas comme les autres. Un lieu de pèlerinage béni par Dame Nature où se confondent histoire et civilisation. Désormais, Taghit devra faire face à des touristes indélicats pour subsister encore dans le temps et dans l'espace. Cette oasis, une enchanteresse de la vallée de la Saoura, bénie par Dame Nature depuis plusieurs siècles, devra résister, en plus aux affres du climat rigoureux, à la bêtise humaine pour garder, voire sauver son cachet. À défaut, son histoire sera réduite à des lambeaux de roches sauvages et vulgaires que personne ne saura restaurer. Ses dunes de sable, son reg, ses ksour, son plateau rocailleux longeant sa route vers la crête sous forme de chaîne montagneuse aux multiples couches témoignant de sa vétusté et, enfin, ses gravures rupestres ont reconquis les touristes autrefois perdus lors de la décennie rouge. Même si d'importants efforts ont été consentis par les pouvoirs publics pour garder ce merveilleux site et mettre ses joyaux touristiques à l'abri, il n'en demeure pas moins que des touristes indélicats s'adonnent au massacre des gravures rupestres d'une Taghit qui a plus que jamais besoin d'une haute protection à l'image de tous les sites naturels du monde. En effet, des bouteilles vides en verre, des emballages de toutes sortes, des sacs en plastique… et passons, sont, un peu plus chaque jour, vulgairement jetés dans ses eaux, sur le sable, sur ses rochers et dans ses palmeraies créant un décor désolant, voire sinistre au vu de la beauté de Taghit. Plus grave encore, sur ses ardoises où on pouvait constater des gravures rupestres viennent se greffer des noms, des prénoms et des expressions transcrites au feutre et à coups de peinture de bâtiment par des touristes qui ignorent ou pas, c'est selon, l'impact de leur geste. Ces gravures rupestres transcrites dans une civilisation antérieure par l'homme sans moyens et qui témoignent d'une présence humaine ancienne à Taghit disparaîtront un jour ou l'autre, voire seront effacées par une autre espèce d'homme qui jouit pourtant de plus de moyens pour les protéger et les perpétuer à d'autres générations. Qui veut salir ce milieu oasien sinon des touristes qui prennent pourtant soin de se faire filmer pour garder des souvenirs de ce site féerique? Qui veut massacrer une histoire sinon des passants qui viennent d'autres lieux et d'autres cieux pour séjourner dans une Taghit qui les accueille à bras ouverts ? Et si dans un passé récent des touristes indélicats ont bel et bien tenté de voler des pièces archéologiques dans le Sud algérien pour les vendre aux enchères sur des sites Internet ou dans des capitales étrangères, il est évident que la dégradation de la faune et de la flore ainsi que la nuisance aux gravures rupestres à Taghit témoignent de la même volonté de porter atteinte au patrimoine national. Une atteinte répréhensible à plus d'un titre quand on sait les efforts consentis par ailleurs par des volontés nationales, dont l'Etat et le mouvement associatif, pour barrer la route à l'avancée du désert, d'une part, et à la protection de ce grand parc naturel, d'autre part, et ce avec toutes les richesses qu'il renferme, mais aussi tous les secrets et mystères qu'il n'a pas encore révélés. F. B.