La cérémonie d'inauguration du projet de gazoduc se déroulera, le lundi 23 février à 10h, à El-Aurassi, en présence d'invités de marque. Un projet pour la première fois attribué à une entreprise privée algérienne, dans un domaine de hautes compétences, autrefois réservé aux sociétés étrangères, grâce aux avis d'appels d'offres restreints. “Je ne peux passer sous silence les encouragements de M. Issad Rebrab, et quelques autres, qui nous ont soutenus lorsque nous avons réussi à obtenir le projet de pipeline”, avoue M. Hamdi, en parlant des patrons algériens. Jusqu'ici, 80% des projets de pipeline sont accordés aux entreprises étrangères, américaines, japonaises, italiennes, etc., ou à des entreprises publiques nationales (Cosider, Kanagaz…). Car il ne s'agit pas d'une mince affaire, si l'on considère les auspices sous lesquels s'annonce le projet. C'est pourtant de haute lutte que l'Eurl Hamdi a réussi à décrocher le projet, en offrant le cinquième de ce que proposait une entreprise russe, classée 2e ou 3e, soit 2 milliards de DA pour l'engineering et la réalisation de 80 ou 100 km de pipe (dans une région agricole comme la Mitidja !). L'Eurl Hamdi a travaillé en tant que consultant avec Sonatrach et a déjà réalisé pour le compte de Sonelgaz le gazoduc de Hassi Berkaoui, achevé avec une avance de 10 jours sur les délais prévus. M. Hamdi, parlementaire de la région de Laghouat, a travaillé durant 16 longues années dans l'engineering des pipelines avec de nombreuses sociétés étrangères, dont Bechtel. “En réalisant ce projet, j'économise à l'Algérie entre 2 et 3 milliards de DA”, affirme M. Hamdi, qui dit avoir choisi de rester au pays même s'il a reçu d'alléchantes propositions de la part de pays étrangers, dont la Libye et l'Arabie Saoudite. Le projet de gazoduc Eucalyptus-Cherchell fait partie d'un vaste projet présidentiel qui prévoit la mise en place de 3 000 km de conduites de gaz confiées à Sonelgaz qui sera chargée de trouver les entreprises de réalisation. Le projet proprement dit est constitué d'un gazoduc de 28 pouces (environ 72 cm) de diamètre, en acier spécial enduit d'un revêtement anticorrosion, devant relier sur une longueur totale de 80 à 100 km les Eucalyptus, dans la proche banlieue d'Alger, à Cherchell et la centrale électrique de Hadjrat Ennous. Cet ouvrage est destiné à renforcer et sécuriser les capacités d'approvisionnement de la région d'Alger durant le moyen terme. Il est prévu de porter progressivement ses capacités de 620 millions m3 en 2010 à 640 millions de m3 en 2015, 672 millions de m3 en 2020 et à 728 millions de m3 en 2027. Cet ouvrage doit être raccordé à la vanne 42 pouces réalisée par les Russes afin d'alimenter la centrale de Hadjrat Ennous à Cherchell à partir de Hassi R'mel. Le projet que devra réaliser l'Eurl Hamdi devra mettre en place des vannes qui resteront en attente de raccordements futurs. Le poste de prélèvement au départ aura une capacité de 420 000 m3/heure. Il servira à réguler le débit de gaz, en fonction des besoins. L'Eurl Hamdi est chargée de l'engineering et du génie mécanique. Elle devra réaliser la pose de 20 vannes et d'un câble de fibre optique destiné à télécommander l'ouverture ou la fermeture des vannes, selon le besoin, à partir d'une salle de contrôle. L'Eurl Hamdi réalise 80% du projet, 20% représentent la part de Siemens et Alcatel pour les équipements, même si leur mise en place est réalisée par des techniciens algériens. Sonelgaz fournira les pipes. L'Eurl Hamdi a pris le projet pour 2 milliards de DA, soit l'engineering et la réalisation, ce qui serait revenu à 70 ou 75 millions en dollars, approvisionnement en pipes compris. Les projets réalisés au Sud sont plus faciles, selon M. Hamdi, car ils ne rencontrent que peu de difficultés sur le terrain. Contrairement à ceux du Nord, qui rencontrent d'énormes difficultés. Ainsi, le gazoduc, bien que depuis longtemps inscrit, doit affronter les empiètements des autres ouvrages sur l'itinéraire qui lui est destiné : soit 5 passages d'autoroute et d'échangeurs, 25 routes nationales et départementales, une voie ferrée, et 22 conduites opérationnelles, car les plans des réseaux enterrés laissent à désirer lorsqu'ils ne sont pas totalement inexistants, selon le conférencier. Jusqu'ici, des pistes ont été ouvertes sur 20 km, alors que 70% de l'engineering ont été réalisés. “Nous demandons seulement un soutien moral, face à la bureaucratie et aux obstructions diverses”, demande M. Hamdi. Jusqu'ici, près de 4 mois ont été engloutis dans des problèmes de franchissement d'exploitations agricoles qui auraient dû être résolus depuis longtemps. Quatre mois sur un total de 18 mois du délai imparti à l'achèvement du chantier. “Les Turcs ont obtenu un délai de 24 mois pour un projet similaire de 80 km de pipe à Aïn Ousséra.” L'Eurl Hamdi, fondée en 1998, emploie jusqu'à 1 200 personnes en moyenne. Le projet en cours emploiera entre 500 et 580 personnes. Les difficultés rencontrées se résument aux problèmes d'expropriation et de traversée des exploitations agricoles. Il devra suivre un itinéraire parallèle à celui de l'autoroute Blida-Oran. Les travaux devaient commencer aux Eucalyptus mais, à la suite de l'obstruction des agriculteurs et des habitants, il a fallu entamer les travaux à partir de la région de Hadjout. Si les travaux avaient été entamés comme prévu, par les Eucalyptus, cela aurait permis très rapidement d'alimenter en gaz une bonne partie de l'Algérois. Or, les nombreux projets de constructions nouvelles exigent une plus grande disponibilité du gaz naturel. C'est Sonelgaz qui est en train de négocier avec les agriculteurs le passage du gazoduc sur l'itinéraire prévu. Mais cela risque d'engendrer des retards préjudiciables, tant au projet qu'à l'entreprise chargée de le réaliser, c'est pour cela que M. Hamdi, qui, rappelons-le, est aussi parlementaire de la région de Laghouat, “demande à Sonelgaz de (nous) prêter main forte, afin de résoudre cet épineux problème”. Djamel Zidane