L'Organisation des pays producteurs de pétrole entend à travers cette décision ne pas gêner les efforts des pays industrialisés dans le but de relancer l'économie mondiale. Mais les prix du pétrole à court terme risquent d'en être affectés. L'Opep a opté hier pour le statu quo. Elle a décidé au cours de l'après-midi de maintenir le plafond de production jusqu'en mai prochain. Autrement dit, elle ne va pas encore baisser sa production entre 0,5 et 1,5 million de barils/jour. Cependant, elle a programmé une nouvelle réunion le 28 mai à Vienne pour se donner une opportunité de réagir en cas de nouvelles chutes des prix du pétrole d'ici là. Le rendez-vous est pris pour refaire le point sur le marché après la réunion du G20. “Je pense que c'est une décision responsable, laquelle permet aussi de donner au G20 de faire son travail” ; autrement dit, il s'agit de ne pas gêner les pays industrialisés dans leur effort de relancer l'économie mondiale actuellement en récession. Autre résultat : tous les pays se sont engagés à respecter leurs quotas. La position saoudienne aura finalement prévalu : d'abord, respectons les quotas à 100% avant de procéder à une nouvelle coupe. À noter que les quotas sont respectés à 80%, le différentiel représentant 800 000 barils/jour sur le marché dans un contexte où les producteurs arrivent difficilement à vendre leur pétrole. Les appréhensions de certains pays membres comme l'Algérie sur la demande en baisse au cours du 2e semestre n'ont pas été totalement prises en compte. M. Chakib Khelil, ministre algérien de l'Energie et des Mines, avait estimé au cours de la matinée qu'il y aura consensus à propos d'une nouvelle réduction de la production Opep, dans une fourchette comprise entre 0,5 et 1,5 million de barils/jour, en accord avec le marché qui s'attend à une telle réduction. Tout comme le ministre vénézuélien du Pétrole, Rafael Ramirez, qui pense qu'une réduction de 1 à 1,5 mbj est nécessaire, car, selon lui, “nous pensons qu'il faudra combiner l'esprit d'adhésion aux engagements pris, et probablement une autre baisse de la production” des pays de l'Opep. Selon lui, il est nécessaire de “faire baisser les stocks encore trop élevés, jusqu'à ce qu'ils atteignent un point d'équilibre”. Les prix du brut après avoir flirté avec les cimes avec un baril à près de 150 $ se sont effondrés dès l'automne à la suite de la récession provoquée par la crise financière mondiale. L'Opep juge qu'un baril à 75 $ serait dans l'intérêt de tout le monde, et tiendrait compte des coûts d'exploration et de production qui, sinon, seraient délaissés, ce qui nuirait à la demande en cas de reprise. La quantité retirée du marché par l'Opep atteint actuellement 4,2 mb/j, mais cela n'a pas empêché le prix du baril à tourner autour de 45 $ ces jours-ci. Le plafond de la production actuelle de 11 membres du cartel (qui en compte12 : l'Irak n'est pas soumis aux quotas) est fixé à 24,84 mb/j. C'est d'ailleurs ce qu'a souligné l'Angolais Jose Maria Botelho, président en exercice de l'Opep, dans son discours d'ouverture en affirmant que “les prix du pétrole sont encore à un niveau bas”. De son côté, M. Al-Noueïmi, ministre saoudien du Pétrole, avait estimé, lui, au cours de la même matinée que le respect des quotas par les pays membres du cartel avoisine les 80% et, qu'il pourrait être meilleur, mais il a refusé de se prononcer sur la position de son pays à propos d'une éventuelle nouvelle baisse de la production. Le ministre koweïtien estime aussi que le respect des quotas vient en priorité, et qu'une nouvelle baisse de la production ne pourrait être envisagée qu'après qu'un excédent de pétrole aura été constaté sur le marché. Même position du ministre qatari du Pétrole qui estime qu'il faut d'abord que les quotas soient respectés avant d'envisager une nouvelle baisse de la production. Ainsi, l'Algérie comme le Venezuela, rejoints par la Libye représentée à Vienne par Choukri Ghanem, président de la compagnie pétrolière libyenne, semblent plus favorables que les pays du Golfe à une nouvelle baisse de la production. Le ministre du Pétrole saoudien, assez tiède pour une nouvelle réduction de la production Opep, a déjà déclaré dans le quotidien Al Hayat qu'une nouvelle baisse empêcherait la reprise de l'économie mondiale. La Russie, invitée en tant que pays observateur à la 152e réunion des ministres de l'Opep à Vienne, n'envisage pas pour l'heure de devenir le 13e membre de l'Opep, car, selon Igor Setchine, vice-Premier ministre russe, “la Russie pensera à rejoindre l'Opep, lorsque l'Opep aura mis en application toutes ses décisions”. La Russie, rappelons-le, a participé à la réduction de la production de brut en diminuant ses exportations pétrolières de 300 000 barils/jour. Il est même question d'une éventuelle entrée de la Russie en tant que membre permanent de l'Opep, puisque la question a été discutée hier à Vienne. La Russie se classe juste derrière l'Arabie Saoudite, au deuxième rang mondial des producteurs de brut. Igor Setchine, vice-Premier ministre russe, suggère la mise sur pied d'une conférence internationale qui regrouperait à Moscou, fin 2009, les membres du cartel Opep, ainsi que les pays producteurs de pétrole indépendants, des entreprises importantes du secteur, des investisseurs et des experts. Djamel Zidane et agences