C'est un départ en fanfare que le président-candidat vient de donner à sa campagne électorale pour un troisième mandat à partir de Batna. Bouteflika s'est même offert un bain de foule comme il les aime bien, avec baroud et zorna, sous haute protection. “Nous sommes de retour. C'est ici que résident le courage et la fierté”, a-t-il lancé à la foule de partisans à la salle omnisports. Une façon de dire que la menace terroriste, réelle ou supposée, ne pourra pas le faire reculer. Une façon également de flatter l'ego des Chaouis, après la blague des “makrouts” qu'ils n'ont pas trouvé à leur goût. Bouteflika poussera la flatterie jusqu'à affirmer que c'est la seule région du pays où, “le long de mon parcours, personne n'est venu me remettre une enveloppe” de doléances. Une affirmation démentie quelques minutes après par une femme qui demandera la parole et qui sera invitée à la tribune par M. Bouteflika, avant que ce dernier ne se rende compte qu'elle voulait lui poser un problème personnel : “Aujourd'hui, je ne suis pas président”, et de la reconduire jusqu'aux escaliers. Dans son meeting interactif, Bouteflika fera monter une autre femme qui lui lira un poème tout à sa gloire. Le président-candidat a justifié le choix de Batna pour démarrer sa campagne électorale par le fait que cela coïncidait avec le 19 mars, fête de la victoire. Tout en rendant hommage à Mostefa Benboulaïd, dont la famille était au premier rang dans la salle omnisports de Batna, Bouteflika a tenu à saluer l'ancien président Liamine Zeroual, dont le fils Karim était lui aussi présent au premier rang, même s'il a tenu à préciser aux journalistes que sa présence revêtait un caractère personnel. Bouteflika a salué son prédécesseur qui avait pris les commandes du pays durant les moments les plus durs. La salle applaudit fort. Le message se voulait une réponse aux rumeurs disant que les Batnéens auraient aimé voir Zeroual se représenter. Difficile de le vérifier, sachant que dans la salle, la plupart des présents sont venus, par bus, des wilayas limitrophes, notamment celles du sud de Batna. Pour son premier meeting électoral, le candidat Bouteflika n'a pas été trop loquace. À peine trente minutes, entrecoupées de dialogue avec l'assistance, pour faire un bref rappel de son bilan de la décennie écoulée et tracer les grandes lignes de son programme pour le prochain quinquennat. Il martèlera que la réconciliation nationale reste incontournable pour bâtir l'avenir et ressortira la vieille recette de la querelle entre laïcs et islamistes à laquelle il ne voudrait pas prendre part. En matière de bilan, il dira qu'il a tenu ses engagements, que ce soit en matière de rétablissement de la paix, de retour de l'Algérie sur la scène internationale ou encore de remboursement de la dette extérieure. Il ne détaillera pas son programme de 150 milliards de dollars, mais insistera, à la fin de son discours, sur le vote massif des Algériens. “Certains disent que cette élection est jouée d'avance”, alors que lui demande à tout le monde d'aller voter, pour lui, ou pour un autre candidat, ou même avec un vote blanc, histoire de dire non aux appels de boycott et de démentir les prévisions pessimistes du “monde qui nous surveille”, conclura-t-il. A. B.