Après l'annonce faite, hier, par le ministre de la Défense française, M. Hervé Morin, sur l'indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires français effectués dans la localité de Reggane, à 150 km au sud du chef-lieu de la wilaya d'Adrar, le 13 février 1960, nous avons pris attache avec les membres de l'Association du 13 Février 1960 pour savoir ce qu'ils pensent de ce nouveau projet de loi du ministère de la Défense de la République française. Selon le président de l'association des victimes des essais nucléaires français, M. Lagsassi Abderahmane, “ce projet d'indemnisation des victimes n'est qu'un pas en avant pour nos revendications, mais il ne constitue pas l'essence du combat de notre association”. Malgré cette avancée considérable dans le projet qui, rappelons-le, n'a pas pris en considération les victimes algériennes dans l'ancienne mouture qui allait être proposée à l'Assemblée nationale française lors de sa session d'automne, les membres de l'association et à leur tête le président, M. Lagsassi, exigent la reconnaissance de la part de la République française que ces essais doivent être considérés comme un crime contre l'humanité. Et la seconde revendication de l'Association du 13 Février 1960 est la désinfection de la région de tous les déchets et émanations radioactifs, car selon les membres de l'association, “c'est notre région et nous n'avons pas une autre de rechange, alors que ceux qui ont tout fait pour la polluer fassent quelque chose pour lui redonner la vie”. M. Lagsassi s'est étonné lorsqu'il a eu l'information de l'introduction des victimes algériennes dans ce projet de loi, et il s'est plus étonné par la réaction positive et l'accueil chaleureux qui ont suivi l'annonce de cette nouvelle. Pour lui et les membres de l'association, “le plus important n'est pas d'indemniser les victimes avec une petite pension, l'essentiel est de procéder à la prise en charge sanitaire des malades et ce, en érigeant un hôpital spécialisé pour le traitement des pathologies issues de ces essais”. Pour notre interlocuteur, “la prise en charge des victimes de ces essais n'est pas l'acquis capital de notre combat car ce dernier ne va pas s'arrêter tant que la France coloniale ne reconnaît pas ces essais comme un crime contre l'humanité”. Réaction positive de la part des membres de l'association des victimes des essais nucléaires réalisés à Reggane et ce, malgré que ce texte est le fruit d'un combat de plusieurs associations et de collectifs qui ont vécu et souffrent atrocement des répercussions et séquelles de la radioactivité. On apprend que ce même texte de loi attendra l'approbation de l'Assemblée nationale d'ici la fin du premier semestre 2009 et les membres des associations, pour atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés, ne comptent pas en rester là puisque leur combat pour la reconnaissance des droits des victimes est de longue haleine. Signalons enfin que la localité d'El-Hamoudia dans la daïra de Reggane a vécu 17 essais nucléaires dont le premier réalisé le 13 février 1960 que les forces militaires françaises ont nommé “opération Gerboise Bleue”. L. Aït Timouche