En convoquant hier le dernier sommet de l'Alliance présidentielle sous sa présidence avant de passer le témoin au MSP, le secrétaire général de l'instance exécutive du FLN n'a pas fait simplement dans les convenances : il a aussi saisi l'occasion pour répondre à certaines interrogations soulevées dans la presse, notamment le maintien de l'Exécutif après plusieurs jours de supputations et de conjectures. “Ce n'est pas vrai, le Président ne m'a pas convoqué, ni moi ni Ouyahia pour nous demander de choisir entre l'Exécutif et le parti”. Belkhadem, visiblement irrité par certains articles de presse qui annonçaient une prétendue course à sa succession a eu cette réponse laconique, comme pour couper court aux interrogations autour de négociations pour la constitution de l'Exécutif. “Je ne peux répondre à des questions auxquelles seul le président de la République a la réponse”, dit-il lors d'une conférence de presse à l'issue du conclave expédié en trois temps deux mouvements. Pour l'essentiel, ces retrouvailles entre le FLN, le MSP et le RND auxquelles ont été conviés le secrétaire général de l'ONM, Saïd Abadou, le chef de groupe parlementaire des indépendants, le SG de l'Onec, le SG de l'Organisation des enfants de moudjahiddine, des ministres des trois partis et la responsable des Familles des victimes du terrorisme, ont pris les allures d'une messe célébrant la victoire du président de la République à la dernière élection. À l'unanimité, les responsables se sont fondus dans des propos panégyriques sur le travail accompli ensemble pendant la campagne pour hisser sur le pavois Abdelaziz Bouteflika. “La coordination entre les partis de l'Alliance et les organisations qui ont mené campagne mérite d'être saluée”, a indiqué Belkhadem dans son “homélie” d'ouverture. “On aurait pu faire mieux”, a-t-il toutefois tempéré. Une remarque qui a “arraché” un sourire à Ahmed Ouyahia, histoire probablement d'accuser diplomatiquement la critique sibylline de Belkhadem qui n'a pas oublié que l'essentiel des directions de campagne était assumé par le RND. Ce succès lors de l'élection, suggère Belkhadem, doit connaître un prolongement lors de la présentation du plan d'action du Premier ministre devant le Parlement dans les prochains jours. “Il nous faut travailler en coordination pour assurer la réussite du plan d'action du gouvernement”. Le patron du FLN a d'ailleurs relevé qu'il a adressé une note écrite aux députés de son parti pour contribuer à la réussite de “l'examen de passage” d'Ouyahia devant la chambre basse. Pour sa part, Ahmed Ouyahia a estimé que le succès à l'élection a montré que l'Alliance et les organisations gravitant autour d'elle représentent la majorité. “Nous représentons une large majorité de l'opinion”. Une majorité qui a réélu le Président pour son “bilan”. Comme pour signifier la large victoire du Président, Ouyahia observe que “le résultat a dépassé nos espérances”. Visiblement inquiet à cause du feu qui couve dans sa “maison”, Abou Djerra Soltani a tenu toutefois à relever qu'il y a une “grande différence entre l'élection de 2004 et celle de 2009”. Comme Ouyahia, il soutient que Bouteflika a été élu sur la base d'un bilan. À l'adresse probablement de ses détracteurs, il rappelle que son parti a “parié sur la stabilité et la réconciliation”. “On est satisfait (…) Même s'il y a certaines insuffisances sur le terrain social, elles seront réglées. Et nous souhaitons la réussite à l'Exécutif”, a-t-il dit. Quant aux responsables des organisations conviées par Belkhadem, ils ont tous relevé “le travail extraordinaire fait par chacun pour faire réélire le Président”. Après ce concert de louanges et d'autosatisfaction, Belkhadem a demandé s'il faut tenir le sommet ou le reporter à la prochaine fois où il sera question de faire le bilan de la présidence du FLN à la tête de l'Alliance mais aussi de passer le témoin au MSP. D'un commun accord, ils décident de le reporter. Place alors à la conférence de presse. Est-ce que la crise au MSP va déteindre sur l'Alliance ? “Nous, on travaille avec la légitimité. Ce sont des affaires internes au parti. Mais cette crise n'aura pas de conséquences”, a estimé Belkhadem. Sur l'élargissement de l'Alliance à d'autres parties, il a indiqué que “cette question n'a pas été encore discutée”, observant cependant que les regroupements doivent avoir des dénominateurs communs. Et la dissolution de l'APN revendiquée par Louisa Hanoune ? “On ne se réveille pas après deux ans”, a t-il dit en évoquant trois arguments : “L'Etat n'a pas été créé aujourd'hui pour faire une Assemblée constituante ; nous sommes majoritaires donc, on ne va pas tout de même nous suicider et il n'y a pas de crise qui incite à la dissolution.” Enfin, il dit ignorer la date de la visite de Bouteflika en France. Tout comme il considère, en réponse à une question de Liberté, qu'il est constant dans la demande du devoir de mémoire malgré son discours “modéré” du 8 mai dernier.