Les concerts se suivent, se succèdent mais ne se ressemblent pas à cette 7e édition de Dimajazz. Tous les soirs, deux concerts sont dispensés par deux formations différentes au Théâtre régional de Constantine. Alors qu'il y en a certains qui plombent l'ambiance, comme ce qu'a fait avant-hier le groupe Sinouj ; il y en a d'autres qui forcent le respect et l'admiration par leur maîtrise, leur savoir-faire et leur générosité sur scène, comme cela a été le cas avec la formation française Post Image. En fait, la première partie de soirée a été animée par le groupe constantinois Sinouj, qui a proposé quelque-uns de ses morceaux, entre autres Constantine, Bagdad ou encore Berbère Arabe Blues. Mais au lieu de faire le show, Sinouj a donné un cours de musique qui a peu convaincu puisque chaque morceau était un ensemble de fragments pas très cohérents. Difficile à cadrer ou à situer, la musique de Sinouj est “peut-être” du jazz oriental, mais l'on n'a pas écouté du jazz, vendredi dernier, ni de la fusion orientale, si ce n'est la derbouka du percussionniste Mustapha. Mais est-ce suffisant ? La fusion n'est pas évidente chez Sinouj, et la cohésion entre les membres non plus. Après ce voyage dans le monde du mauvais goût musical, place aux artistes… à la crème de la crème, au top du top, avec la formation de Post Image qui, en toute modestie et générosité, a donné une leçon de musique à l'assistance, la transportant ainsi de l'enfer au paradis de la musique. En effet, dès que les six musiciens de Post Image ont commencé à jouer les premières notes, le public renouait avec le jazz. ` Le temps s'est suspendu, les spectateurs se sont immobilisés et la musique s'est mise à “parler” ; alors le rêve était possible : certains était à New York, d'autres ont préféré Chicago ou San Francisco, alors que d'autres encore — plus réalistes cette fois —, ont préféré être là où ils étaient tout simplement, pour ne rien rater de l'exceptionnelle prestation de Post Image. Ce dernier fait de l'ethno-électro-jazz : le nom semble un peu complexe, mais la fusion entre les trois genres donne une musique harmonieuse, claire, limpide et fluide. Le rythme commence doucement, monte crescendo, puis redescend sur les airs de la trompette ou ceux du saxophone. Post Image ont revisité leur dernier album intitulé Impulsions avec des titres comme Mandragore (une composition du pianiste du groupe Frédéric Fugas), Bandoche ou encore Impulsions, mais n'ont pas manqué de faire des improvisations… de génie ! D'autre part, le groupe qui existe depuis 22 ans déjà, puise son inspiration de plusieurs univers, grâce notamment aux influences et orientations des membres du groupe : jazz, électro, musique maghrébine, etc., mais grâce également à la riche expérience dans le domaine de la musique. En effet, Post Image, fondé par le trompettiste Freddy Buzon, le bassiste Dany Marcombe et le guitariste Patricio Lameira, a partagé la scène avec des “monuments” de la musique, notamment Miles Davis, Tony Williams ou encore Herbie Hancock. Le saxophoniste Jean-Christophe Jacques, le batteur Christophe Schelstraete et le pianiste Frédéric Fugas ont apporté au groupe leur tendance et orientation vers l'électro. Le résultat est spectaculaire. Par ailleurs, le groupe entamera prochainement une résidence à Bordeaux pour la réalisation d'un album de reprises, notamment des standards de Radiohead ou encore Led Zepplin. Post Image vaut véritablement le détour ; mais toute bonne chose à une fin car après une heure et demie de bonne musique, le concert s'est terminé et les musiciens sont repartis le lendemain. Le passage de Post Image a été comme un mirage, mais leur souvenir restera ancré. S. K.