Profondément algérien, résolument contemporain, “le projet ne veut pas imiter les comédies musicales ou les vidéoclips commerciales dominantes, bien au contraire, il renoue avec une tradition profonde de notre culture authentique qui est l'expression par la poésie populaire déclamée ou chantée, la gestuelle corporelle et la danse”. C'est ce qui ressort du premier tour de manivelle de la comédie musicale Essaha (la place) qui a été donné par M. Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA et Azzedine Mihoubi, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministère chargé de la communication, jeudi dernier à la cité les Bananiers (Bab Ezzouar), lieu principal de son tournage. “Ce projet est une opportunité donnée aux jeunes pour démontrer et exprimer leur culture. Il est temps aujourd'hui de leur donner les moyens pour réaliser leurs souhaits. Nous ne pouvons pas ignorer cette jeunesse qui a besoin d'exprimer leurs modes de vie et leurs idées. Ce projet est une façon de s'occuper de ces derniers, de les soutenir et de leur donner leur chance”, nous révèle M. Mihoubi. Produite par Machahou Productions et l'ENTV, et réalisée par Dahmane Ouzid, d'après un scénario de Salim Aïssa, cette comédie musicale, qui se subdivise en 16 épisodes de 35 minutes chacun, est programmée pour le mois de novembre prochain. Cette première série télévisée du genre est “un grand défi artistique que l'ENTV a accepté de produire et ce, en dépit des grandes difficultés de la production audiovisuelle et des problèmes particuliers du secteur de la chorégraphie. Il s'agit aussi de fournir au large public algérien un produit novateur et stimulant, et pourquoi pas disposer d'un produit exportable”, expliquera Belkacem Hadjadj. Il s'agit également de réaliser grâce au véhicule musical et chorégraphique, un produit exportable qui valorise en même temps le patrimoine populaire. Ainsi, contribuer à la relance et au renouvellement de l'art chorégraphique en Algérie demeuré en marge, malgré la richesse de notre patrimoine et le potentiel extraordinaire des jeunes danseurs, dont beaucoup sont contraints à s'expatrier. Ce projet se veut un chantier pluridisciplinaire qui va contribuer à ouvrir à la production télévisuelle algérienne, de nouvelles voies dans la thématique, la forme et le public visé afin de renouer avec la tradition cinématographique et théâtrale (les pièces chantée des débuts du théâtre algérien, les films musicaux arabes et indous). Quant à la musique de cette série, elle est un métissage de styles locaux (chaâbi, andalou, bédoui, raï, gnawi, sahraoui, kabyle et chaoui) avec les concepts musicaux modernes (blues, jazz, rock R'n'B, reggae) dans la voie ouverte par les tendances les plus créatives de la jeune musique algérienne. Le projet veut capter et récupérer l'extraordinaire motivation des jeunes danseurs algériens qui vivent leur passion malgré l'hostilité de l'environnement. Pour sa part, Dahmane Ouzid nous expliquera que “le message que nous voulons faire passer est celui de tourner la page du deuil et de la mortification afin de donner une image valorisante de la jeunesse algérienne”.