Après la décision de la chambre de statut personnel près la cour d'Oran de juger “irrecevable dans la forme” l'appel interjeté par Mohamed Yousfi concernant sa demande d'annulation du jugement invalidant son mariage (religieux) avec la défunte mère de Sophie (Safia), Benekrouf Khadidja, la défense des Belhocine s'apprête à engager une autre procédure judiciaire. Il s'agit, selon Me Benbraham, d'une tierce opposition à l'arrêt de la Cour suprême qui avait donné, le 13 février 2008, le droit de la garde de la petite fille à Jacques Scharbook. Cette procédure ainsi que deux pourvois en cassation seront enregistrés à partir de la semaine prochaine, ajoute l'avocate. À propos de la hadhana et de la décision de la justice algérienne, Me Benbraham explique qu'elle s'est basée sur l'abandon présumé de Mohamed Yousfi de son affaire de filiation, “ce qu'il n'a jamais fait, il n'a jamais laissé tomber cette affaire”, soutient notre interlocutrice. Concernant le verdict de lundi dernier, elle confirme le pourvoi en cassation puisque, selon elle, on est en face d'une jurisprudence née à travers une position de droit délicate puisque et dans le droit musulman, l'union religieuse de Mohamed avec Khadidja, la mère de Sophie (Safia), ne pouvait être annulée par un non-musulman. L'avocate reviendra sur les péripéties de la relation maritale puisqu'en 2005, Yousfi Mohamed introduit auprès du tribunal d'Oran une demande de validation de son mariage religieux avec la défunte Benekrouf Khadidja — décédée en mars 2005 dans un accident de la route à Arzew, après un divorce à l'amiable qui n'a pas été transcrit administrativement. Le plaideur obtient gain de cause : la mère de Sophie sera déclarée “post mortem”, l'épouse de M. Yousfi. Fin 2005, M. Scharbook formule officiellement une “tierce opposition”. Se proclamant le mari, acte civil établi en France à l'appui, le ressortissant français réussit à provoquer une “volte-face” judiciaire à son profit : le tribunal, celui-là même qui avait validé le mariage de M. Yousfi/Mme Benekrouf, annule son (propre) jugement, et juge à nouveau que la femme est l'épouse légitime et légale de M. Scharbook. En 2007, cet arrêt est confirmé en appel. Le 28 juin, le palais de justice d'Oran devra statuer sur la filiation de Sophie (Safia). La défense de la famille algérienne s'appuie sur deux rapports d'expertise versés au dossier. Surtout celui de “l'expertise d'identification par comparaison de profils génétiques ADN”, établi, le 15 mars 2009, par le département d'identification génétique/ADN du Laboratoire central de la police scientifique et technique de Châteauneuf (Alger) à partir d'un prélèvement buccal sur la petite fille, qui se trouve actuellement entre les mains de l'Etat. “Elle est en sécurité, mais on la déplace souvent”, nous dit Me Benbraham.