Tout laisse croire qu'à Collo, en ce début du mois de juillet, on ne bronze pas idiot sur ses plages dorées. Les intervenants culturels sont en train de fouetter la cité en attendant que les secteurs du tourisme et des collectivités locales suivent le pas. Dès demain et durant 5 jours, ce sont 26 films de 2 minutes à 1 heure 50, représentant 14 wilayas du pays, qui se disputeront les trois prix du festival, soit le Dauphin d'or du documentaire et du film de fiction ainsi que le spécial jury. Après une éclipse d'une décennie, la cuvée 2009 rompt avec les anciennes éditions par la qualité de la prise en charge. D'une activité volontariste, il y a dix ans, les nuits viennent de monter en gamme, en passant à un événement culturel majeur grâce à la prise en charge du ministère de la Culture. En effet, de 1988 à 2000, la pérennité de la manifestation n'a été assurée que grâce à l'engagement des membres de l'ex-association de création cultuelle de Collo et des cinéphiles de la cité pré-insulaire. C'est cette disponibilité chez les cinéphiles locaux qui a permis aux cinéastes amateurs du super 8, puis aux cinéastes non professionnels, de continuer de se voir, d'échanger leurs expériences et de concourir entre eux pour le meilleur. Le palmarès des Ahmed Zir, Abdelhak Mehdi et Malik Hamina, à titre d'exemple, élèves de cette école du cinéma non professionnel, témoigne de la fécondité de cette expérience. Pour cette édition, qu'abritera, chaque soir, la terrasse de l'hôtel Bougaroun, situé l'extrémité ouest de la baie des Jeunes filles, la compétition s'annonce rude entre une pléiade de cinéastes que doit partager un jury composé de Ali Aïssaoui, Amar Safi, Abdelhak Mahdi, Djamel Hazourli et Salim Souhali. En marge des nuits, deux hommages seront rendus aux doyens du cinéma amateur algérien, à savoir Zir Ahmed, plusieurs fois primés dans les festivals internationaux dans les années 1980 et 1990 et Abderrezak Belabed, cheville ouvrière de toutes les rencontres de cette corporation. Deux tables rondes sont aussi au programme. L'une est consacrée aux goûts cinématographiques, l'autre au diagnostic de la situation du secteur cinématographique dans le pays. Afin de joindre l'utile à l'agréable, le organisateurs des nuits offrent aux participants, une mini-croisière en mer sur un sardinier afin d'apprécier la beauté de la baie de Collo et s'initier au milieu des marins pêcheurs. Sur l'incidence d'une telle manifestation sur la vie culturelle et économique de la région, les avis sont tous optimistes. “Faire coïncider une telle activité culturelle avec la saison estivale est, avant d'être une aubaine pour les touristes et les Colliotes, un atout pour les décideurs locaux de la chose touristique et seule une mauvaise préparation de la saison ne permettra pas la rentabilisation du cocktail soleil, mer, sons et lumières”, explique un restaurateur de la petite ville balnéaire. En effet, depuis que les nuits sont pris en charge par le ministère de la Culture, elles sont devenues, elles-mêmes, une demande sur le produit touristique locale car elles permettent de remplir les capacités d'accueil des hôtels et des restaurants de la cité. Les touristes, qui ont choisi Collo pour leur farniente en ce mois de juillet, ne peuvent être que satisfaits d'un tel cocktail. À noter que l'ouverture de ces nuits coïncide avec la clôture d'une autre manifestions d'une égale importance, soit la deuxième édition du festival de la poésie qu'organise la Ligue des activités culturelles de la wilaya de Skikda. Mourad KEZZAR