Les rumeurs parlent de détournement de l'argent public. Le projet de loi de finances 2003 qui vient d'être adopté par l'APN a fixé le prix du baril à 19 dollars US, un paramètre fondamental à partir duquel est établi le budget de l'Etat. Cette projection qui traduit une attitude prudente de l'Exécutif suscite moult commentaires, eu égard au fait que les cours du brut tournent actuellement autour de 26-27 dollars le baril. Motif : le législateur semble avoir tenu compte de données à la fois internes et externes. Côté conjoncture internationale, les analystes et responsables de Banques centrales s'accordent à anticiper une faible croissance dans la zone OCDE l'an prochain, et partant une progression légère de la demande adressée aux pays producteurs de pétrole. Ce facteur reste l'un des déterminants principaux de l'évolution des cours du brut. La conjoncture aidant, la menace US de guerre contre l'Irak dope cependant les prix actuels d'environ 5 dollars US. Différents observateurs estiment que le cours réel du baril est, aujourd'hui, de 20 dollars US. Quant aux raisons internes, l'attitude de prudence semble dictée, selon la thèse officielle, par les nécessités de répondre à la fois au remboursement du principal et des intérêts de la dette publique ainsi qu'aux besoins de financement du plan de relance. On voit mal sans ce différentiel, la mise en œuvre d'un tel programme l'an prochain. En clair, les décideurs avaient institué, pour faire face à de telles dépenses publiques, une caisse de régulation alimentée par le surplus fiscal né de l'écart entre la projection de la loi de finances, du prix du baril algérien et la moyenne réelle d'un tel cours sur l'année. Tout cela semble logique. Mais ce qui dérange, c'est l'absence de transparence poussée sur les entrées d'une telle cagnotte. Les différents responsables du ministère des Finances se contentent de généralités. À tel point qu'une partie de l'opinion publique avance que ce calcul du prix du pétrole est sciemment établi pour détourner l'argent public. Finalement, dans cette affaire, il ne suffit pas d'afficher des montants globaux mais de présenter la ventilation des dépenses prévues à partir de cette caisse ainsi que des bilans périodiques de la consommation de telles recettes. N. R.