Au sein du régime, les fissures se multiplient. Le patron de l'énergie nucléaire a claqué la porte et après de longs jours de silence, réapparition publique de Mir Hossein Moussavi, nouveau chef de file de l'opposition, et de son épouse, Zahra Rahnavard. Gestes hautement symboliques signifiant que la crise post-électorale iranienne est loin d'être consommée. À ce jour, environ 1 700 personnes ont été libérées sous caution, et des centaines d'autres, y compris d'importantes figures du courant réformiste, attendent d'être jugées. Privée de tribune d'expression, l'opposition avance à tâtons. Mais, à la surprise générale, Moussavi, héros malgré lui d'un mouvement de contestation qui le dépasse, selon des analystes, envisage de créer un front politique. Ce mouvement a également reçu le soutien indirect du frère de l'ex-président Ali Akbar Hachémi Rafsandjani qui s'est effacé de la scène depuis le résultat controversé du scrutin du 12 juin dernier. Mais son intervention à la grande prière hebdomadaire était très attendue, tout comme la présence de Moussavi. Pendant ce temps, les fissures internes à la classe politique iranienne se renforcent. Mohsen Rezaï, l'ancien chef des Gardiens de la révolution, s'est distingué par la publication d'une lettre ouverte qui ne ménage pas le système, mettant en garde contre le risque d'implosion de la République islamique. La fronde cléricale suit également son cours dans la ville sainte de Qom, où de grands ayatollahs égratignent les fondements de la République islamique. À commencer par Ali Montazeri, ex-dauphin déchu de l'imam Khomeyni, qui vient de s'attaquer indirectement au guide suprême, l'ayatollah Khamenei, en accusant la gestion du pays d'être “tyrannique”. L'ayatollah Ostadi, un autre clerc de Qom, a, pour sa part, dénoncé les agissements illégaux des miliciens bassidjis. Ce genre de sortie n'est pas sans embarrasser l'entourage d'Ahmadinejad, dont la prise de fonction officielle, le mois prochain, risque de se heurter à de nombreux blocages. Ses détracteurs, parmi lesquels de nombreux conservateurs, l'attendent au tournant, notamment au Parlement, chargé de valider les ministres de son nouveau cabinet. D. B.