C'est tout comme. Les Corses n'ont pas revendiqué leur indépendance à leurs journées nationalistes de Corte, mais se proclament “véritable région européenne.” Et pour marquer le pied de nez à Paris, leur rencontre a également été une opportunité pour parler des sujets qui fâchent le président Sarkozy, les luttes sociales dans l'outre-mer où le pouvoir français est de plus en plus décrié par une génération qui ne croit plus aux vertus de l'assimilation et qui renoue avec les luttes de leurs pères pendant les années Mitterrand. Face à la répression dont ils font l'objet depuis que l'Intérieur était entre les mains de l'actuel locataire de l'élysée et aux menaces qu'ils encourent avec le ministre actuel, un proche zélé de Sarkozy, les indépendantistes corses ont contourné les pièges en présentant un projet de développement durable pour leur île, dont ils voudraient faire une “véritable région européenne”. On aura remarqué qu'il n'y a pas de références ou peu à l'Etat central. Cette édition 2009 est organisée par Corsica Libera, nouveau mouvement né il y a quelques mois de la refondation du courant indépendantiste, frappé par des divisions du fait de manipulations et de jeux de Paris. Huit délégations étrangères ont participé aux travaux basés sur le thème de “la solidarité des peuples en lutte”. Pas seulement des autonomistes du pourtour méditerranéen mais des représentants du Pays basque, de Catalogne, de Bretagne, de Sardaigne, de Nouvelle-Calédonie, de la Guadeloupe et du Québec qui rêvent de voir se réaliser la fameuse phrase du général de Gaulle : “Vive le Québec libre !”. Ils ont ainsi exposé leur combat mené au nom de la défense de leur identité au cœur de cette Île de Beauté à laquelle Paris tient comme à la prunelle de ses yeux. Le syndicat des travailleurs corses a même rué dans les brancards en proposant en cette période de crise économique mondiale un “front de lutte sociale et politique”. Les indépendantistes ont juré de barrer la route au Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse (Padduc) proposé par les élus de l'UMP, qui en feront leur cheval de bataille pour les élections territoriales du printemps 2010. Dans l'esprit des indépendantistes, la citoyenneté corse serait acquise après une dizaine d'années de résidence dans l'île, ses possesseurs ayant alors la possibilité de s'inscrire sur les listes électorales ou d'acquérir des biens immobiliers. Au chapitre institutionnel, Corsica Libera prévoit le passage du statut de départements français à celui d'une véritable région européenne, performante et capable de défendre seule ses intérêts. Les journées ont été également l'occasion pour dénoncer la répression qui s'abat sur “les nations sans Etat”. La salle devait être chauffée par les pires ennemis de Paris, des représentants du collectif guadeloupéen LKP, et l'Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités, qui ont accusé la France de “bafouer de manière quasi systématique les droits de l'homme”. D. B.