Les observateurs estiment qu'une révision des dispositions est plus que nécessaire. D'aucuns estiment que l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne ne profite pas à l'économie nationale. Pis, il risque même de détériorer à long terme son tissu des PME en activité si ses dispositions ne sont pas revues. Quatre ans après son entrée en vigueur, force est de constater que les exportations algériennes vers les pays de l'UE ne progressent pas. Hormis les hydrocarbures et dérivés, les autres produits algériens n'arrivent pas à se frayer un chemin et à trouver une place sur les marchés de l'Europe. Depuis que notre pays a ouvert son marché à travers la levée progressive des barrières douanières, conformément aux dispositions de cet accord, plus de 60% de nos importations proviennent de la zone UE. Les investissements européens, en revanche, ne se bousculent pas au portillon. Pourtant, les pays membres de l'UE devraient en principe encourager leurs investisseurs à choisir la destination Algérie. Mais ce n'est pas le cas. Avec le démantèlement tarifaire, on s'attendait à ce que les échanges commerciaux entre les deux parties augmentent, mais ils ont, au contraire, connu une diminution de l'ordre de 10% au profit des Asiatiques et au détriment de la qualité. Les opérateurs économiques algériens se sont rendu compte finalement qu'ils étaient pénalisés. Primo, ils ont du mal à écouler leurs marchandises sur les marchés européens. Secundo, l'UE n'a pas pris en charge suffisamment la mise à niveau des PME algériennes pour qu'elles deviennent compétitives. Devant une telle situation défavorable, les autorités algériennes ont demandé une révision de l'accord en question. Suite à une visite du secrétaire d'Etat européen chargé du Commerce, M. Peter Mandelson, faut-il le rappeler, la partie européenne s'est engagée à accepter les demandes de l'Algérie concernant la révision d'un certain nombre d'articles et d'aspects. “Il faudrait que l'UE apporte son assistance de manière conséquente pour la mise à niveau de l'économie nationale en ce qui concerne, notamment les secteurs de l'agriculture et l'industrie”, relève M. Salah Mouhoubi, docteur en sciences économiques et politiques. Une chose est certaine, il faut qu'il y ait une contrepartie à l'ouverture du marché algérien. Cela figure même parmi les mesures prises dans cet accord. Or, sur le terrain, rien n'y fit : la question de la mise à niveau qui a défrayé la chronique et rempli les manchettes de tous les journaux, des mois voire des années durant, n'a, selon les observateurs très au fait du dossier, pas été concrétisée. Ce que demande en toute légitimité l'Algérie dans le cadre de cet accord, c'est une souplesse des conditions d'accès des produits algériens vers les marchés européens. Car, il ne faut pas oublier que notre pays reste un partenaire stratégique de l'UE puisqu'il assure la couverture de plus de 20% de ses besoins en gaz annuellement. Un partage équitable des intérêts entre les deux parties s'avère donc une nécessité. S'il n'y a pas de contrepartie au profit de l'Algérie, quelle serait l'utilité d'un tel accord d'association ? Salah Mouhoubi, qui maîtrise toutes ces questions, estime qu'il est urgent que les négociations s'ouvrent afin de revoir la copie de cet accord et redistribuer les cartes de nouveau. Cette fois-ci, les négociateurs algériens doivent faire preuve de beaucoup de pugnacité dans les discussions avec leurs homologues de l'Union. Quand il s'agit de l'avenir du pays, ils doivent ôter la casquette de l'ingénuité et mettre celle de la fermeté et de l'audace. En termes plus clairs, il faut pousser l'UE à prendre des décisions fermes, voire chiffrées pour assister l'Algérie dans le processus de mise à niveau de son économie. Cependant, notre pays doit, lui aussi, consentir des efforts pour améliorer le climat des affaires et offrir toutes les conditions indispensables pour les investissements directs étrangers en provenance de l'Europe. Que les initiateurs de ces IDE ne rencontrent pas de contraintes les bloquant dans la concrétisation de leurs projets. L'une des priorités auxquelles doivent s'intéresser sérieusement les pouvoirs publics est le secteur agricole qui offre des possibilités d'exportation avérées. Selon un des experts, l'expérience a montré que la libéralisation des échanges commerciaux internationaux apporte des bénéfices à l'ensemble des partenaires. Mais l'expérience a également montré que l'ouverture des marchés entraîne des ajustements qui, affirme-t-il, engendrent des coûts économiques et sociaux. Or, ces coûts sont le prix à payer pour avoir les bénéfices qui, à terme, sont beaucoup plus importants. Afin de réduire les coûts, la Commission européenne devrait offrir un vaste programme de coopération à ses partenaires. Ce qui leur permet d'augmenter la compétitivité de leurs structures productives, notamment des PME. C'est loin d'être le cas en Algérie, par contre. “Il faut qu'il y ait une révision de l'accord, mais l'Algérie doit intégrer celui-ci (l'accord) dans sa stratégie de développement à long terme”, indique l'économiste qui estime que l'Etat doit prendre en compte les doléances des opérateurs économiques. Badreddine KHRIS