“L'aménagement des horaires fixés par la Fonction publique en est pour quelque chose puisqu'il favorise ce genre de situation.” Comme rapporté dans le Saint Coran, le mois sacré de Ramadhan est censé être une période exceptionnelle pour le jeûneur de consentir beaucoup plus d'efforts, aussi bien dans son travail que dans son comportement quotidien au sein de la société, tout en s'armant de piété et de foi. Or, force est de reconnaître que notre société est loin de remplir cette obligation divine avec ce comportement négativiste qui va de mal en pis. En effet, il n'y a pas que les commerçants véreux et sans scrupule qui transgressent la loi divine avec cette pratique des prix qui dépasse tout entendement dans le but de se sucrer sur le dos de ceux parmi les consommateurs qui, trahis par leurs yeux, ne sont imbus que par les caprices de leur ventre.L'autre phénomène qui influe négativement sur la vie quotidienne, voire la vie économique, demeure, bien sûr, l'absentéisme, devenu par la force des années un mal que les pouvoirs publics n'ont pu extirper tant que le comportement déloyal d'un grand nombre de fonctionnaires et de salariés continue d'avoir la peau dure. Une virée du côté des institutions au niveau de la wilaya d'Aïn Témouchent nous renseigne sur l'attitude affichée par ceux qui sont censés servir l'administré. Ce dernier, qui n'en est pas à sa dernière mésaventure, accuse le coup parfois sans brancher. “Nous sommes habitués à ce genre de situation lors de chaque mois de Ramadhan où la nonchalance est devenue une règle”, nous fera savoir un citoyen rencontré à midi à la sortie des guichets d'une institution financière. “J'avais besoin d'un document pour régulariser un dossier auprès du notaire. On m'a signifié qu'il faudra la signature du chef de service lequel est chargé d'assurer l'intérim d'un autre service situé au chef-lieu d'une autre daïra.” Un simple et bref regard dans les bureaux de ce service prouve, on ne peut mieux, qu'en l'absence du chef, les désertions sont légion. Seuls un guichetier et trois agents étaient sur place. Dans une autre institution, une agence d'une caisse nationale, changement de décor. Le directeur, qui a bien voulu nous recevoir, était dans son bureau depuis l'heure d'ouverture. Celui-ci, un vieux routard de l'administration, ne s'est pas laissé influencer par les “déserteurs occasionnels du mois de carême”. “J'ai pris mes devants”, nous disait-il. Et d'ajouter : “J'ai autorisé tout agent qui le souhaitait à prendre son congé annuel, car je doute qu'un fonctionnaire qui veille jusque tard la nuit puisse accomplir sa mission les yeux fermés, en particulier les fumeurs en quête d'une tige.” Une telle démarche peut être avantageuse pour le responsable mais s'agissant d'une relation directe avec le public, le service risque de subir l'effet boomerang au fil du temps. À moins que toutes les dispositions aient été prises en ce qui concerne les guichets. Au niveau des autres institutions étatiques, c'est les mêmes scènes car, pour les administrés les plus avertis qui demandent la délivrance de documents, les choses se déroulent pendant la matinée. Les retardataires devront se résigner à attendre vainement les préposés aux guichets qui, eux, se trouvaient au niveau d'un marché ou carrément à leur domicile pour une bonne sieste sous le fallacieux prétexte d'accomplir la prière du Dohr car généralement c'est à partir de 13h que les bureaux commencent à se vider avec la complaisance, bien sûr, de certains chefs de service qui couvrent leurs subalternes au détriment de leurs administrés. Il va sans dire qu'on a l'impression que tout le monde est convaincu que le mois de Ramadhan est un mois de paresse en raison des effets de baisse d'énergie qui influe sur l'organisme et, par ricochet, sur le comportement de l'individu. D'après l'un des fonctionnaires, “l'aménagement des horaires fixés par la Fonction publique en est pour quelque chose puisqu'il favorise ce genre de situation”.