Le président américain Barack Obama s'exprimera aujourd'hui devant le Congrès pour tenter de reprendre la main dans le débat pour le moins rude sur son projet de réforme phare, la couverture sanitaire universelle. En effet, les républicains s'y opposent farouchement et certains démocrates n'hésitent pas à pronostiquer l'échec d'Obama à cause, notamment, du coût faramineux du projet. Et, suprême coup dur, le locataire de la Maison Blanche vient de perdre l'un de ses alliés les plus sûrs en la personne du sénateur Ted Kennedy, qui a consacré une partie de sa vie à l'aboutissement de ce projet. C'est dire que la partie ne sera pas de tout repos demain et qu'elle n'est pas gagnée d'avance face au Congrès. Comme pour ajouter à ses difficultés, un de ses conseillers chargé de la promotion de “l'emploi vert”, autre sujet de controverse aux Etats-Unis où plusieurs lobbies font de la résistance, a été contraint à la démission. On reproche à Van Jones d'avoir signé une pétition exigeant une enquête sur le rôle de George W Bush dans les attentats du 11 septembre et d'avoir tenu, dans le passé, des propos offensants à l'égard des républicains. Sur le front de la crise, l'économie américaine continue de détruire des milliers d'emplois chaque mois. Si le taux de chômage est officiellement de 9,7%, il est officieusement de 16,8% et certains calculs le donnent même aux alentours de 21%. Au plan extérieur, le tableau n'est guère plus reluisant. En Irak, les attentats reprennent de plus belle et il apparaît de plus en plus que le retrait des troupes américaines des grandes villes fait le bonheur des organisations terroristes. En Afghanistan, sujet sur lequel il s'est fortement et personnellement engagé, la situation se présente de plus en plus mal. Ayant globalement dénoncé la guerre en Irak comme étant dangereuse et inutile, il a toujours considéré que celle menée en Afghanistan est légitime et nécessaire. Aussi a-t-il promis d'y renforcer considérablement les troupes américaines au fur et à mesure du désengagement en Irak. Les talibans continuent de développer une capacité de résistance qui fait douter leurs ennemis sur leur capacité à gagner cette guerre et c'est de plus en plus l'enlisement. Le dernier raid aérien de l'Otan, qui a fait une centaine de morts parmi lesquels des civils a réduit à néant les dernières chances de succès de la nouvelle stratégie américaine consistant à protéger les populations civiles et à gagner leur confiance. De plus, cette stratégie, venue avec six ans de retard, nécessite un envoi de troupes supplémentaires substantiel. Or la guerre en Afghanistan commence à mettre mal à l'aise les sénateurs démocrates, à commencer par Carl Levin, président de la commission des Forces armées, qui a clairement exprimé sa réticence à l'envoi de nouvelles troupes. De plus, les opinions publiques américaine et européenne sont de plus en plus hostiles à l'intervention en Afghanistan et “un retrait sans victoire” est même évoqué dans certains milieux. Bien entendu une telle issue n'est pas envisageable pour Barack Obama, non pas pour ce que deviendrait l'Afghanistan mais pour éviter le pire au Pakistan où la menace talibane sur le pouvoir et la sécurité nucléaire est omniprésente. L'autre dossier international sur lequel le président Obama s'est engagé fortement et personnellement, c'est la recherche d'une paix globale au Proche et au Moyen-Orient. Là aussi, des grains de sable enrayent la machine qui a du mal à démarrer. La réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad en Iran, mais surtout l'inflexibilité du gouvernement israélien sur la question des colonies en dépit des pressions internationales réduisent à néant, tout au moins à court terme, la mise en pratique de la nouvelle stratégie américaine dans la région. Contré à l'intérieur, desservi à l'extérieur par des événements et des conjonctures défavorables, Barack Obama devra puiser au plus profond de ses ressources pour imposer sa vision et espérer un tant soit peu de succès. Dure, dure la rentrée!