Dans beaucoup de régions de la wilaya de Tizi Ouzou, pour ne pas dire dans son ensemble, la rentrée scolaire n'arrête pas de susciter des réactions en chaîne chez les fonctionnaires de l'éducation, mais aussi, cette fois, chez les parents et les élèves eux-mêmes. D'abord, par cette contrainte de porter une blouse rose, une couleur que beaucoup de parents n'ont pu trouver. “J'ai beau chercher des blouses roses pour mes deux filles collégiennes, mais en vain. J'ai fait les localités de Béni-Yenni, Aïn El Hammam, Ouacif, etc, pour, en fin de compte, rentrer bredouille”, avoue un parent d'un certain âge. À Aïn El-Hammam, un commerçant met sur ses étals des blouses rosâtres, mais sincérité oblige, il avertit ses clients qu'elles ont étaient teintées en rose. Toutefois, il ne pourrait garantir la couleur après le premier lavage. Cependant, la rentrée scolaire, a priori, inquiète pour d'autres raisons d'ordre psychopédagogique. La surcharge des journées de travail pour les élèves et leurs enseignants ne rassure pas sur le rendement et l'apprentissage. “Les directives de dernière minute, qui isolent les premiers concernés, c'est-à-dire les enseignants et les pédagogues, ne s'adaptent pas à la réalité du terrain et aux spécificités régionales”, dira une surveillante générale. Elle affirme que dans les régions isolées, où les enfants, qui effectuent plusieurs kilomètres sans moyens de transport sûrs, ne pourraient pas quitter l'école à 17h30 en hiver, car cela équivaut à mettre ses innocents face à tous les risques possibles. Même si certaines administrations tenteraient d'aménager la dernière heure – en surcharge tout de même – pour le mardi après-midi, il conviendrait de comprendre simplement que le week-end prolongé n'aurait pas fait l'affaire. Sans faire allusion à leurs revendications légitimes – presque oubliées – les enseignants se disent également lésés du point de vue de la pédagogie. “Les conditions sociales des enseignés et des enseignants ne sont prises en charge ni par les instances concernées ni malheureusement par les syndicats”, soutient un enseignant. Rappelons que des syndicats d'enseignants, des adjoints d'éducation et des collectifs ont tenu à marquer leur mécontentement par un mouvement de grève depuis le premier jour de la rentrée. Tout compte fait, les enseignants, réunis en séminaires régionaux, seraient contraints de suivre une répartition annuelle des programmes, alors que la première semaine se déroule, le moins que l'on puisse dire, dans un cafouillage incongru, notamment dans les localités retirées de la Haute-Kabylie. Décidément, comme dira un travailleur de l'éducation, “il est antinomique de comparer un lycée de la capitale à celui d'Iferhounène, de Tassaft ou de Ouacif”.