Son immunité perdue, Silvio Berlusconi, le président du Conseil italien, redevient un justiciable comme les autres. “La legge e uguale per tutti” (la loi est la même pour tous), la devise de la République italienne a gagné en vérité. La Cour constitutionnelle invalide la loi d'immunité que le président du conseil s'était empressé de faire voter dès son retour aux affaires de l'Italie. Le texte qu'il a fait adopter en juillet 2008 conférait une immunité pénale aux présidents de la République, du Conseil, du Sénat et de la Chambre des députés durant toute la durée de leur mandat. Mais, des magistrats de la plus haute juridiction italienne ont jugé qu'il était nécessaire d'avoir recours à une procédure de révision constitutionnelle, et non à une loi ordinaire, pour octroyer une immunité pénale aux quatre plus hauts fonctionnaires de l'Etat italien. Et pour être adoptée, une loi constitutionnelle doit être examinée à deux reprises par chaque chambre du Parlement à un intervalle de trois mois minimum et obtenir la majorité absolue dans chacune des chambres, en deuxième lecture. Un chemin de croix. La Cour constitutionnelle a également estimé que la loi Alfano, du nom du ministre de la Justice, Angelino Alfano, qui l'avait promulguée en juillet 2008, violait le principe constitutionnel d'égalité des citoyens devant la loi. El Cavaliere, qui croyait en sa bonne étoile malgré les dernières casseroles d'alcôve, voit ainsi les poursuites judiciaires qui le visaient débloquées. Il sera, promettent les juges qu'il traite de “rouges”, inquiété dans l'affaire Mills, pour laquelle il est soupçonné d'avoir versé 600 000 euros à son ex-avocat britannique, David Mills, en contrepartie de deux faux témoignages dans deux procès remontant aux années 1990. Le chef du gouvernement italien a réagi en accusant les 9 juges, sur les 15 qui ont rejeté sa loi de “communistes”, en s'en prenant de nouveau à la presse, aux magistrats et de façon non habituelle à Napolitano, le président de la République, qu'il a accusé de partialité en rappelant qu'il avait appartenu au Parti communiste. Dans un communiqué, la présidence italienne a nié que Napolitano ait pu influencer le verdict constitutionnel affirmant que le président était du côté de la Constitution. Mal à l'aise et contrarié, plus que dans ses affaires de mœurs, Berlusconi a dans un rictus affirmé qu'il ne baissera pas les bras. “Nous ne plierons pas”, a renchéri le chef de la Ligue du Nord, le principal allié de Berlusconi au sein de sa coalition de centre-droit. Pas d'élections anticipées, mais Berlusconi sait maintenant qu'il est vraiment sur la corde raide. Sa popularité a déjà pris un sérieux coup avec ses aventures féminines et les récentes inondations en Sicile. Lui qui affectionne les congratulations a dû survoler les régions sinistrées. C'est tout dire.