En estimant que la présence de la France est inutile à la réunion qui se tient dans la capitale autrichienne sur le combustible nucléaire, qui lui sera livré, car elle n'a pas respecté ses engagements antérieurs dans ce cadre, l'Iran a provoqué la colère des responsables français, et un retard de la reprise des discussions hier. En effet, l'Iran a jugé hier inutile la présence de la France à Vienne, où se tient une réunion sur la livraison de combustible nucléaire à Téhéran, affirmant ne vouloir discuter qu'avec les Etats-Unis et la Russie de la fourniture d'uranium enrichi à 20%. L'Agence internationale de l'énergie atomique “a contacté quelques pays, et les Etats-Unis et la Russie ont accepté de participer aux négociations afin de fournir le combustible” pour son réacteur de recherche de Téhéran, a dit le chef de la diplomatie Manouchehr Mottaki lors d'une conférence de presse. “Les négociations vont être menées avec ces deux pays en présence de l'Agence. Nous n'avons pas besoin de beaucoup de combustible et nous n'avons pas besoin de la présence de beaucoup de pays. La présence de la France n'est pas nécessaire”, a-t-il poursuivi. A la suite de cette annonce, la reprise de la réunion de Vienne a été repoussée à la mi-journée (10H00 GMT). Déjà, la veille, la chaîne de télévision en langue arabe, Al-Alam, avait cité une source proche des négociateurs iraniens à Vienne selon laquelle la France ne s'était “pas conformée à ses obligations antérieures envers l'Iran dans la cadre de la coopération nucléaire” bilatérale. "Elle n'a pas un passif acceptable et, dans la mesure ou elle entrave les négociations entre l'Iran et l'AIEA", Téhéran ne négociera pas avec Paris, avait ajouté cette même source, sans autre détail. Les Iraniens estiment que la France n'a pas respecté ses engagements nucléaires passés. En 1974, le régime du Shah avait signé un accord avec elle pour détenir 10% des parts de l'usine d'enrichissement d'uranium d'Eurodif et obtenir, par ce biais, de l'uranium enrichi. Mais après la victoire de la révolution islamique en 1979, Paris a refusé de livrer à l'Iran cet uranium. Lundi, le chef de la diplomatie iranienne a néanmoins assuré qu'il ne s'agissait pas d'un boycottage de la France. “Si au cours des derniers jours il y a eu des propositions françaises, nous les examinerons”, a-t-il avancé.