Désormais, l'Algérie peut facilement obtenir l'extradition d'un de ses ressortissants résidents en Italie et vice versa. Lutte contre le crime organisé, entraide judiciaire en matière civile et pénale et extradition de leurs ressortissants respectifs, l'Italie et l'Algérie ont décidé, officiellement, de faire cause commune. Hier, les deux ministres de la Justice, Mohammed Charfi, côté algérien, et Roberto Castelli, côté italien, ont signé trois conventions qui scelleront désormais la collaboration des deux pays dans le domaine de la justice. Il s'agit de l'entraide judiciaire, en matière pénale, civile et commerciale et enfin d'une convention portant sur l'extradition. Les deux ministres, qui ont répondu aux questions des journalistes, n'ont pas hésité à qualifier ces conventions de “très importantes”. Elles traduisent, en effet, une adaptation des mécanismes juridiques et judiciaires des deux pays leur permettant de collaborer efficacement dans le cadre de la lutte contre le crime organisé et la criminalité financière. Mohammed Charfi précisera que cette coordination se fera, essentiellement, à travers l'échange d'informations et de renseignements ainsi que les expériences de chaque pays en matière de lutte contre la criminalité dans toutes ses formes. Le ministre insistera sur le fait que les relations entre l'Algérie et l'Italie sont “exceptionnelles” et qu'il était indispensable de les fructifier avec ce genre de conventions. Des conventions qui s'inscrivent dans le sillage de la réforme de la justice que le ministre algérien se dit “déterminé à poursuivre”. Roberto Castelli s'est, lui aussi, félicité de la conclusion de ces accords qui consacrent “la sécurisation des bonnes relations qui lient l'Italie et l'Algérie”. Le ministre du gouvernement de Silvio Berlusconi a promis de se faire l'avocat de l'Algérie au sein de l'Union européenne puisque son pays en assure présentement la présidence. Pour lui, ces conventions interviennent pour combler “un vide juridique” entre deux pays qui entretiennent depuis longtemps des relations de coopération, sans jamais pouvoir aller plus loin dans la coordination de leurs efforts. Maintenant, les choses sérieuses vont commencer, selon les deux ministres, notamment en matière d'extradition des ressortissants dangereux des deux pays. La convention permet désormais “d'organiser ces opérations”. Il faut savoir que pas moins de 1 500 Algériens croupissent dans les prisons italiennes pour plusieurs délits, révèle Roberto Castelli. En revanche, il ne connaît pas le nombre exact de prisonniers italiens en Algérie se contentant de dire que “le nombre est nettement inférieur”, pour ne pas dire aucun. Il faut préciser, également, que la signature de ces trois conventions fait suite à une large coopération entamée entre les deux pays uniquement dans ce secteur de la justice. Il y a une semaine, une délégation de l'organisme italien de lutte contre la maffia – l'équivalent du procureur de la République chez nous – a séjourné en Algérie et a signé un mémorandum extrêmement important avec la direction des droits de l'homme du ministère de la justice. Ce document, dont la signature a été fortement appuyée par Paolo Lembo – l'ex-représentant du PNUD expulsé par les autorités algériennes – prévoit entre autres une grande coopération dans la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent. Un mémorandum qualifié par les observateurs de “première” dans un pays du tiers-monde. H. M.